Je dois reconnaître que cette version de Spider-man m’a doublement surpris, mais pas dans le même sens à chaque fois. Je m’attendais à un truc mièvre et enfantin, j’ai découvert un truc plutôt mature. Je m’attendais à quelque chose de plus proche des BDs et ça s’en éloigne pas mal. Innévitablement, on ne peut pas parler de cette version de Spider-man sans évoquer le fait qu’elle prétend remplacer la précédente que j’ai beaucoup aimé. Ca n’est évidemment pas une suite, mais une vision à part. Un reboot qui mérite d’être suivi ? Ca reste à voir. Oh et puis bien sûr, si vous ne l’avez pas encore vu, attention je spoile !
Ma première remarque est un coup de gueule. Offrir à chaque génération son Spider-truc est peut-être un concept intéressant, mais le faire à chaque demi-génération dénote un manque flagrant d’imagination. J’aurai préféré regarder un Spider-man 4 plutôt qu’un Amazing chose-man qui remet les pendules à zéro pour faire à peine moins bien que son prédécésseur. Tous les goûts sont dans la nature, y compris les goûts de chiotte. Je n’irai donc me plaindre que de cette propension qu’a le cinéma américain à tourner autour de lui-même et à tenter d’attraper sa queue, ce qu’il vient de faire ces quelques deux ou trois dernières années qui voient ressortir des suites, des reboots et des remakes à n’en plus finir. Et l’innovation, elle est où, bande de trous du cul nombrilistes affligés ? D’ailleurs, je suis intimement persuadé que le 7ième art plein d’illuminations et de paillettes est en train de creuser doucement sa propre tombe.
Une autre déception est de mise avant d’entrer dans le vif du sujet, cela concerne la 3D. Généralement, j’évite les films en 3D, non pas que mes yeux ou mon cerveau soient incapables d’interpréter et de profiter pleinement de ce genre d’image, mais plutôt que mon esprit d’ours mal léché a du mal à ingurgiter la somme astronomique que coûte une telle projection pour un bénéfice proche de zéro. De la 3D ? Ouais, mes couilles sont en 3D, y’a pas de doute, mais Amazing Machin-man est loin d’avoir autant de relief. C’est vrai que je suis aussi un crétin qui pensait naïvement que les exploits d’un monte-en-l’air-tisseur-de-toile qui joue les cabri à 50m de hauteur entre des toits d’immeuble méritait quelques plans sympathiques mettant en exergue tout le potentiel de la 3D. Echec critique, et ce jusqu’à la dernière image qui nous montre une cabriole du Amazing mec en collant, face à l’écran, projetant au ralenti sa toile vers le spectateur… Toile qui ne dépassera pas la longueur d’un pet de lapin et qui ne crévera évidemment pas l’écran avant le noir fatidique pré-générique.
Bon, intention cinématographique ratée, 3D inexistante, que reste-t-il ? Je ne vais pas trop chier sur le reste, car c’était pas mal. Le scénario exploite le passé du gamin (oui, il a vraiment une gueule de lycéen sur ce coup) et crée des liens immédiats entre les différents protagonistes. C’est plutôt novateur quand on connaît l’histoire de Spider-môme sur le bout des ongles, ça sort complètement des sentiers battus. Ensuite, la prise de conscience des responsabilités de Peter Parker est bien plus progressive que dans la première version. Bon après c’est quand même sans surprise : Peter se fait mordre par une araignée bizaroïde dans un endroit où il ne devrait pas être, son Uncle Ben’s meurt tué par un truand à la petite semaine, un type que spidey aurait pu arrêter haut la main, mais on nous épargnera étrangement le discour moralisateur de Ben Parker sur la responsabilité et le pouvoir pour laisser le héros en prendre de lui-même la mesure. A noter que notre héros se forge dans l’idée de coffrer l’assassin par vengeance mais que contrairement à la BD ou au précédent film, il ne le retrouve pas du tout.
Scénaristiquement, l’exploitation d’un méchant comme le Lézard, le grand oublié de la première série (alors que Curtis Connors figurait en rôle secondaire dans 2 des 3 opus), et la prise en compte du premier vrai amour de Peter avant Mary-Jane, à savoir Gwen Stacy (dans la précédente série, rapportée en troisième épisode et sans aucune relation amoureuse), son opposition à Flash Thompson au Lycée, tout cela nous rapproche par bien des aspects aux vrais débuts de Peter Parker. A ce titre, Spidey n’est pas encore assez célèbre pour faire la une du Daily Bugle ce qui nous épargne la présence de JJJ (Jonathan Jonah Jameson pour les incultes). C’est dommage, c’était un personnage très bien rendu dans la première série. En dehors de ces éléments, ça reste quand même une interprétation assez libre du sujet. Même si on sent poindre à l’horizon l’intervention d’un deus ex machina qui pourrait bien être le Bouffon Vert dans une suite outrageusement annoncée, il se monte un complot relativement complexe autour de notre Amazing mec qui colle aux murs. Bref, à moins que ce film fasse un flop, on est partie pour s’en enfiler au moins un second.
La bande-annonce m’avait presque convaincu de trouver un Spidey bourré de l’humour bien pourri dont il fait preuve dans les BDs, malheureusement le filon n’a pas été exploité. Ca devient très vite trop sérieux et notre bouffon entoilé acquiert trop rapidement une maturité et un bad boy feeling qui lui coûte son humour en moins de deux. Dommage. Malgré tout, j’ai été étonné par le rendu émotionnel de certains personnages qui m’ont véritablement touché. Eh oui, je suis un vrai nounours en sucre tout doux sous mes airs de grosse bête ronchone. Bref, tout ça n’est pas un chef d’oeuvre, loin s’en faut, mais je ne me sens pas autant volé que sur un Prométhéus. En outre, c’est un film qui ne vend pas sur ses têtes d’affiche puisqu’en dehors d’un Martin Sheen (il va falloir qu’il arrête bientôt lui, il va claquer sur un plateau de tournage si ça continue) qui incarne un Ben Parker plutôt correct, il n’y a aucune célébrité dans le casting.
J’ajouterai un gros bémol avant de conclure, puisqu’il y a une mode dangereuse qui commence à montrer son nez à Hollywood, celle de faire des films montés n’importe comment en sabrant des scènes (existante ou non, allez savoir) qui servent l’histoire. Evidemment, la narration imagée d’un film étant ce qu’elle est, il n’est pas toujours nécessaire de tout dire, toutefois même si certaines choses tombent parfois sous le sens, on aimerait bien les voir. Ainsi, de savoir comment une cartouche de fil arachnéen fabriquée chez OSCORP est tombée dans la poche de Peter Parker m’aurait plus intéressé que de savoir qu’il doit ramener des oeufs à tante May. En dépit de ces trous dans la toile de l’Amazing schtroumpf qui soigne les blessures par balles à la toile d’araignée, la réalisation est globalement très audacieuse, avec des plans très travaillé, voire même acrobatique, ce qui est la moindre des choses pour l’Amazing ducon qui laisse son vrai nom scotché sur son appareil photo oublié devant le méchant.
Ah oui, encore un truc. Si jamais vous faites affaire avec la société OSCORP, dites-vous que leur système de sécurité est gravement à chier. Je ne leur confierai même pas mon urine.
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Tags: 3D, Martin Sheen, Spider-man
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