Je suis allé voir Thor 2 avant Gravity, mais je vais d’abord parler de ce second car il le mérite. Car d’une part, j’ai plus à dire sur Gravity que sur Thor 2, et surtout, ça n’a pas grand chose à voir et il convient de pas tout mélanger. Gravity est une fiction mais ce n’est pas un film de SF. Gravity est un film en 3D mais il ne me réconcilie pas encore avec cette technologie. Gravity n’est pas un long film. Son sujet n’est pas mémorable. Le nombre de ses acteurs confine au ridicule. Et Gravity est malgré tout ces défauts (qui n’en sont pas toujours) un excellent film.
Pour comprendre pourquoi c’est un bon film, il faut regarder plus loin que ce qu’il raconte, que ce qu’il montre, et des acteurs qu’il emploie. Pour comprendre pourquoi c’est un bon film, il faut aller le voir et se concentrer sur ce qu’on ressent. Parce que c’est là toute la force de cette œuvre, elle est immersive et vous entraîne dans les péripéties du personnage principal avec une efficacité redoutable. J’y suis allé méfiant et sceptique, je suis revenu conquis, et ça c’est un tour de force. Comment ça je suis faible ?
Non, et non, je m’insurge. Je ne suis pas faible, ce film a réussi à m’entraîner dans son histoire sans que je le remarque, et comme peut-être beaucoup avant moi, j’ai retenu mon souffle. Et j’ai eu assez de présence d’esprit à plusieurs moments du film pour m’en rendre compte, à me demander, mais pourquoi j’ai arrêté de respirer là ??!! Et c’est très exactement ça, chaque moment de tension et d’action de ce film a cet effet étonnant sur le spectateur, un pouvoir quasi-hypnotique.
Bon stop ! Si j’arrête de parler de ce qu’on ressent et que je raconte l’histoire, ça va vite tourner au ridicule. Lors d’une mission spatiale une ingénieur (jouée par Sandra Bullock) à peine formée aux protocoles de la NASA effectue des réglages sur le télescope Hubble. Le commandant de mission (joué par George Clooney) y effectue son dernier vol. Les 3 autres membres d’équipages ne comptent pour ainsi dire pas. Parce qu’il y a un problème et on ne les verra quasiment pas. Raconter ce qui se passe serait sans intérêt, puisque, finalement, le film n’a que ça à montrer : ce qu’il va se passer.
Pas de musiques d’exceptions. Pas d’effets spéciaux de folie. Mais des images à couper le souffle, des mouvements de caméra exceptionnels, des angles de caméra inédits, des scènes calées au millimètres, une narration visuelle hors norme et un suspense de tous les instants. Voilà ce qu’est Gravity. Un propos simple, une intrigue quasiment inexistante, juste des faits et des faits extrêmement bien relatés. Des dialogues simples, mais des images chocs. Et hop, on paralyse une salle de spectateurs pendant 1h30 ni vu ni connu que j’t’embrouille.
Sorti de Gravity, je suis convaincu d’avoir vécu une expérience visuelle totalement nouvelle. Mais, car il y a un mais, je me suis fait gravement empapaouté par l’idée. Parce que ce n’est pas un film « complet ». En définitive, ce film n’a rien à dire, juste quelque chose à nous montrer. C’est une œuvre d’art, quelque chose qu’on regarde et qui nous fait ressentir un sentiment, mais sans plus. Reconnaître qu’il est pratiquement parfait de ce point de vue ne le dédouane pas de ce qu’on attend du cinéma… Enfin en tout cas de ce que moi j’attends du cinéma. Mais voilà, sans aller plus loin dans sa construction et sa conception, Gravity se suffit malgré tout à lui-même et nous assène comme une évidence qu’une œuvre cinématographique peut être tout autre chose que tout ce que j’ai vu jusqu’à présent.
En définitive, je ne sais pas trop si je pourrais aller voir à nouveau quelque chose de similaire au cinéma s’il cela m’était annoncé comme le digne successeur de ce que Gravity m’a montré. Comme dirait Indiana Jones « sa place est dans un musée ». Mais dans un cinéma, j’ai des doutes. Il s’agit bien d’une œuvre cinématographique qu’on ne peut visionner dans aucun autre contexte, mais merde quoi ! Je ne veux pas que le cinéma de demain devienne ça. C’est presque du cinéma abstrait quand on y pense, et j’ai trop de mal à me faire à ce concept.
Un dernier mot concernant la 3D. J’ai commencé mon article en disant que Gravity ne m’avait pas réconcilié avec la techno au cinéma, mais à sa décharge, il faut admettre que Gravity ne se regarde pas sans 3D. Certains plans, pour avoir la qualité vertigineuse prêtée à certaines images profite largement des effets de profondeur. Mais son tort absolu est qu’il y a de nombreux effets de relief qui n’ont pas été utilisé et qui se terminent en flou caméra à l’avant plan de l’image. Une regrettable erreur à mon sens, surtout avec la puissance des scènes tournées qui est d’une rare efficacité narrative. Pourquoi cette esquive du relief ? Mais malgré tout, se priver de la 3D pour visionner Gravity serait aussi une monumentale erreur (à moins de n’avoir qu’un œil évidemment).
En conclusion, je vais continuer à louer le redoutable pouvoir immersif de Gravity et continuer à me plaindre du cinéma en général. C’est assurément une réussite mais pas ce que j’attends du cinéma. Et vous qu’en pensez-vous ?
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Tags: 3D, George Clooney, Gravity, Sandra Bullock, Thor
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