Tiens, avant de commencer, un mot sur la 3D : nul. Oui d’habitude je termine plutôt par ce sujet, mais là j’ai décidé de changer. Et si j’ai vu Man of steel en 3D, c’est parce qu’aux horaires qui me convenaient je n’avais pas trop le choix. Mais clairement, ça ne sert (encore) à rien.
Pourquoi faire simple, quand on peut faire encore plus simple ? C’est la question qu’a dû se poser le scénariste de Man of Steel qui s’est contenté de reprendre un script vieux de 35 ans, d’en enlever la magie d’origine, d’inventer deux trois trucs et de resservir le tout avec une imagerie moderne et tape-à-l’œil. Je le concède, réinventer Superman à l’heure où ses incarnations à l’écran, à la télé, dans les comics et dans les jeux vidéos sont si nombreuses que ça donne le tournis, est une véritable gageure. Mais dans ce cas, pourquoi le faire ? Juste pour le défi ? Ah mais non, suis-je bête… juste pour le fric. Attendu que la nouvelle génération de spectateurs nourrie au biberon hollywoodien du XXIième siècle n’a pas encore eu l’insigne honneur d’avoir SON Superman sur le grand écran (du moins si l’on excepte le « pas-si-mauvais » Superman returns en 2006) avec une énième explication sur son origine et sa raison d’être sur Terre, il était facile d’aller lui tirer les sous de la poche.
Quant à moi, il est vrai que si j’atterris devant ce type de spectacle, ce n’est pas tant pour enrichir le 7ième art aseptisé de mes contemporains, mais plus par curiosité et me faire, comme il se doit, ma propre opinion. Bon. Cela dit, je reste quand même globalement sur un a priori positif. Car si ce Superman-là est un pure remake un peu remanié il n’en est pas moins réussi. Attention, il n’en est pas mieux réussi pour autant 😉 . Il est d’une part servi par une distribution de rôle secondaire hallucinante (Laurence Fishburne, Russel Crowe, Kevin Costner), et se veut plus mâture et creusé que ses prédécesseurs. Mais ce n’est pas parce qu’il le prétend qu’il y arrive. Car c’est une autre des nombreuses tares du cinéma hollywoodien de la décennie : la superficialité.
Oui, Man of Steel (à ne pas confondre avec Iron-Man 😉 ), est autant un titre pour ne pas appeler Superman Superman (ce qui est savamment évité dans le film lui-même, puisque, rappelons-le, Superman ne s’appelle pas lui-même ainsi et heureusement parce que, se présenter « bonjour, je m’appelle Superman », c’est quand même très con, avouez), c’est aussi un récit sans substance. La thématique est pourtant chère à mon cœur, car le méchant est le personnage que j’ai trouvé le mieux bâti, tant sur sa motivation que sur son caractère et sa manière d’être, et tout cela me ramène à des constructions scénaristiques que j’ai déjà moi-même élaboré et utilisé en jeu de rôle et dans mes romans. Par contre, du côté des gentils, c’est plat. Et le relief abdominal du personnage principal ne parvient pas à rehausser le niveau.
Ainsi, histoire archi-connue, personnages sans saveurs, que reste-t-il ? Des scènes d’action et des effets spéciaux. Donc, de ce côté, ça va, rien à dire. C’est même assez bien fait pour faire oublier nombre d’incohérences et de situations improbables. Je dois même dire que réinventer le design et la technologie des kryptonniens était plus que bienvenue pour échapper aux clichés kitch et improbables de l’oeuvre de 1978 qui avaient été repris dans Superman returns en 2006. On se retrouve ainsi avec une civilisation disparue dont les déboires et le mode de vie semblent un peu plus cohérent et riche que dans la version originale et qui, d’ailleurs, sont le fil conducteur un peu novateur du scénario.
Tout cela me conduit à dire que Man of steel, quoique désespérément redondant, n’en est pas moins un souffle nouveau sur la licence. Mais hélas, redémarrer une nouvelle histoire de superman implique nécessairement une suite et ce même si ce reboot n’en appelait pas, il pose un nouveau personnage dans un contexte où l’on sait que l’on en a pas fini avec lui. Après le général Zod, méchant de ce premier opus, il nous reste à lui opposer Lex Luthor (dont on sait qu’il est présent dans ce nouvel univers par la mention de sa société « Lexcorp » sur des logos visibles dans le décors) et éventuellement Brainiac. Superman a des tas d’ennemis crédibles malgré sa puissance astronomique, qui semble d’ailleurs très réduite dans cette version par rapport à ce que Superman a pu faire dans les BDs et ses autres adaptations.
Enfin bon, qui vivra verra. Je dirai en conclusion que Man of Steel n’est pas dénué d’intérêt sur le plan esthétique et action, mais qu’il n’a rien d’original ni de merveilleux par ailleurs. A vouloir trop humaniser le personnage, je trouve qu’il a été dénaturé et la fâcheuse tendance du cinéma hollywoodien à lisser toute imperfection aseptise beaucoup trop le résultat final. Ce manque de relief et de profondeur est ma plus grosse critique de ce reboot et, dans le fond, de pas mal de superproduction du moment. Bref, rien de neuf sous le soleil (là où il y en a du moins). Le grand écran coûte toujours plus cher et rapporte toujours moins au spectateur.
D'autres os à ronger
Tags: 3D, Brainiac, Cinéma, Général Zod, Kévin Costner, Krypton, Laurence Fishburne, Lex Luthor, Russel Crowe, Superman
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