Non, ne cherchez pas de jeu de mot ni l’interprétation de ce titre à la con avec lequel j’ai pris le soin de laisser un sens positif comme un sens négatif. Même si, pour être honnête, je pensais plus au fist-fucking en l’écrivant. Et je préviens tout de suite ceux qui n’ont pas vu le film que je ne vais pas pouvoir m’empêcher de spoiler un peu le contenu de l’oeuvre dans ce qui suit. Alors si vous avez l’intention d’aller voir Prométhéus, vous êtes prévenus.
Pour les autres, je vais pouvoir ainsi me lâcher sur ce que j’ai envie de dire à propos de cette merde intersidérale. Bon, déjà, j’ai bien fait d’attendre qu’il passe en 2D dans ma salle locale avant de débourser, c’est toujours ça d’économisé pour ne faire au final qu’une critique enflammée de ce navet. Car après l’avoir vu dans ce format je devine sans peine que la 3D n’a pas été exploitée, comme 95% des films du moment savent si bien le faire. Y’a sans doute encore des réalisateurs qui se figurent que mettre en place une caméra ad hoc à la place de l’ancienne (ce qui ne coûte pas vraiment plus cher à la réalisation de nos jours) suffit à faire un film 3D et ils se foutent le doigt dans l’oeil jusqu’à l’omoplate. Il faut composer son image avec l’espace, la profondeur comme le relief, pour avaliser le choix de ce support de diffusion, ce que les vieux de la vieille d’Hollywood ne savent manifestement pas faire après 70-80 ans d’éducation unilatérale sur la capture d’images et de sensations (et le pire est qu’ils servent de modèle à nos réalisateurs en devenir, c’est triste). Tiens en parlant de ça, Ridley Scott va sur ses 75 ans, et en voyant Prométhéus, je me suis dit que ça fait bien 15 ans qu’il aurait dû partir à la retraite… tout concorde. J’en profite pour demander aux Spielberg, Lucas et autre Cameron d’y songer dans les meilleurs délais avant d’entamer la chute vertigineuse qui les guettent s’il continuent à poser leurs noms sur des blockbusters hollywoodiens de cette qualité…
Alors quand même, déblayons un peu le terrain. Si vous êtes comme moi et que vous avez un peu d’imagination (voire beaucoup), que vous avez entendu à un moment donné deux malheureux mots-clés (« préquelle » et « Alien ») en rapport avec ce film et vu les images de la bande-annonce qui restitue relativement bien l’ambiance du film, il suffit de voir les 10-15 premières minutes pour en deviner tout le déroulement. Et bon sang, moi qui suis tombé des nues en regardant pour la première fois les 5 dernières minutes de 6ième Sens, je me suis surpris à planifier tout le déroulement du scénario de Prométhéus dans les moindres détails et sans commettre d’erreur, à tel point que j’aurai pu sortir de la salle au bout d’un quart d’heure sans avoir besoin de vérifier que j’avais raison. C’est donc sans surprise et la mort dans l’âme que j’ai pris mon mal en patience pour regarder les 105 minutes restantes : je n’avais pas le choix, je m’étais fait conduire au ciné et je n’avais pas envie de rentrer à pied, bon et puis je suis con aussi, j’avais payé pour 2h, ça aurait été bête de pas en profiter.
Si la réalisation n’est pas irréprochable tout en étant aussi vieille que son auteur, elle n’est pas non plus à jeter à la poubelle, et qu’il s’agisse du décors comme de la mise en scène ou des effets spéciaux, c’est dans les clous des canons cinématographiques hollywoodiens actuels. Malheureusement, voir de belles images à l’écran n’étonne plus personne (le contraire serait bien plus déroutant), le spectateur moderne ne s’en émerveille plus et il fallait un scénario béton et une narration sans faille pour en faire un bon film. L’un comme l’autre sont ici d’une pauvreté abyssale. Si je devais faire une analogie, je dirai que notre bon vieux Scott a appliqué à la lettre la recette du cinéma hollywoodien pour les nuls, mais qu’en plus de ça, comme il n’avait pas exactement les bons ingrédients, il a réalisé la recette avec des éléments de substitution. Déjà, on ne peut pas dire que la recette miracle pour faire un blockbuster moderne soit d’une grande intelligence (puisqu’au lieu d’investir sur le contenu, on a tendance à trop en faire sur l’enrobage, donc le marketing), si en plus on n’utilise pas les bons outils, il ne faut pas s’attendre à un miracle.
Prométhéus brille par l’absence quasi-systématique d’explications sur tout ce qui se passe. A croire que le film d’origine est 2 fois plus long et qu’il a été sabré au montage pour tenir dans le format 2h, et curieusement, plutôt que de le trouver bien rempli, il est encore plus vide : ils n’ont pas dû sabrer ce qu’il fallait. Ainsi le processus de contamination et de gestation de l’Alien (oui, c’est bien une préquelle d’Alien, c’est indubitable même si on peut en douter jusqu’à la dernière minute) est-il rempli de non-sens. La mythologie qui justifie l’expédition, qui, selon les termes de certains personnages, est « la plus grande découverte de l’humanité » ne représente qu’une misérable minute de bande vidéo, comme si Scott avait bien d’autre chose de plus intéressant à raconter (ce qui n’est pas le cas). Les motivations des personnages n’ont ni queue ni tête, ils sont pétris de philosophie de bazar, et n’ont strictement aucun charisme, sauf peut-être le commandant du vaisseau qui sort un peu du lot, mais ce n’est pas le rôle principal. Certaines scènes sont en outre tirées par les cheveux à s’en arracher la perruque, sans compter celle dont l’utilité tant scénaristique que narrative est plus que contestable. En faisant un petit calcul, j’en arrive à la conclusion qu’on aurait probablement pu raconter toute l’histoire dans une bande-annonce sans perte de qualité sur le fond. Je leur reconnais à ce titre un forme d’intelligence qui fait qu’ils ont justement pris garde de ne pas faire une bande-annonce qui racontait le film. En même temps, ce n’est pas ce qu’il y avait à raconter…
Les protagonistes de cette platitude sont des « rôles prêt-à-porter », des personnages qui se résument à des stéréotypes copies conformes des 7 passagers du Nostromo, mais dans le Nostromo, ils avaient l’air crédibles. Oui, en fait, il sont 17 dans le Prométhéus, mais en 2h de temps on ne nous en montre guère plus de 7 et encore certains n’ont même rien à dire. Je dirai même que c’est la première fois que je vois un huis-clos avec 17 personnages qui parvient à employer 10 figurants 🙂 . Assurément, soit les américains ne savent plus créer des personnages, soit ils ne savent plus les jouer, soit les deux. C’est même sûrement les deux. Quoique j’ai déjà vu Noomi Rapace, Michael Fassbender ou Charlize Theron dans des rôles bien plus intéressants, comme quoi ça tient sans doute plus aux scénaristes.
Après ce triste constat, que reste-t-il ? Des trucs pour faire peur ? 2 scènes un peu dégueu et fort courtes. Des trucs pour faire réfléchir ? Mon prof de philo au lycée était meilleur. Une débauche de bon sentiment ? Même pas, c’est pourri jusqu’à la moelle. Un héros qui déchire ? Noomi Rapace marche hélas bien mal dans les traces de Sigourney Weaver. Une bonne morale ? Pas vraiment, car finalement, il n’y a pas de morale. Des scènes pour se poiler ? Si ce n’était fait avec autant de sérieux, j’aurai ri comme devant un nanard. Une bonne musique ? Quelle musique ? Y’a eu de la musique ? Ah oui, peut-être… Ah si, la musique d’ouverture du générique de fin qui m’a presque fait hurler de rire. Ben non, tout compte fait, c’est le vide intersidéral séparant la Terre de la planète visée par le Prométhéus qui gagne à être connu.
Maintenant, la seule vraie question à se poser c’est pourquoi je suis allé voir ce film pathétique ? Je crois tout simplement que les 95% de marketing qui constituent cette daube ont réussi à fonctionner avec moi. Pauvre de moi… Triste époque… A euthanasier d’urgence.
D'autres os à ronger
Tags: Charlize Theron, Michael Fassbender, Mythologie, Noomi Rapace, Prométhéus, Ridley Scott
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