Je suis relativement déçu par ce film. Nolan m’avait habitué à mieux. Dans un mode de narration proche de ce qu’il a l’habitude de faire, Nolan nous livre là un récit bien trop détaillé, intéressant certes, mais relativement téléphoné, car dès le début du film, j’ai vu où il allait nous mener. Peut-être est-ce parce que j’avais deviné la conclusion dans les 10 premières minutes du film que je me suis gravement fait chier les 159 autres minutes. Mais peut-être pas. Je pense aussi que je m’attendais à ce que ce film me fasse mentir tout du long pour finalement être conforme de bout en bout à ma propre projection. Et s’il n’avait été si désespérément long, il ne m’aurait peut-être pas donné l’occasion de me projeter vers sa conclusion.
Outre son traînage en longueur façon 2001 l’Odyssée de l’Espace dont il est clairement inspiré pour son quasi-réalisme space-opera, Interstellar est un film que je déconseille aux physiciens, et en particulier les astro-physiciens. Il est en effet bourré d’énormité propre à provoquer la rupture d’anévrisme dans la population scientifique considérée, et un saignement de nez ou d’oreille chez les gens un tant soit peu cultivé en matière de relativité restreinte et relativité générale. Et c’est d’autant plus gênant tant il s’appuie sur des faits scientifiques vérifiés et des protagonistes hommes et femmes de science, que les libertés prises avec les lois de la physique pour asseoir le récit lui font gravement perdre en crédibilité.
Mais admettons. Pour un film qui se prétend de science-fiction et qui de fait se la raconte en fantasy, on va dire qu’on peut éventuellement passer outre les absurdités scientifiques. Il en découle toutefois un univers qui, s’il est bien rendu, me paraît un peu trop intimiste. Afin de se concentrer sur les personnages, Nolan s’intéresse finalement assez peu à la toile de fond et ce même si l’on en exclue les incartades à la rigueur scientifique. On nous assène la situation de la planète Terre comme une évidence sans nous donner les clés pour en mesurer l’ampleur. On a un peu l’impression que la population d’une petite ville des USA et celle d’un centre de recherche secret, sont les seules concernées par la fin de l’humanité. Et à aucun moment le film ne cherche à nous délivrer de ce constat.
J’apprécie pourtant beaucoup la plupart des thèmes musicaux composé par Hans Zimmer, mais cette fois encore, Interstellar m’a fait détester le travail de ce compositeur. Il est pourtant tellement rare que la musique me saute ainsi aux oreilles durant la projection d’un film, mais je n’ai pas pu m’empêcher de trouver que ça inadéquat. Objectivement, elle est tout à fait adaptée au film, mais je ne l’ai pas aimé, ce qui n’est pas sans impact sur l’appréciation globale de l’œuvre.
Se contentant de débiter une histoire de fin du monde sur la base de relations entre différents personnages sans grande envergure, Interstellar n’a pour lui qu’une historiette qui tient vaguement la route dans des décors trop grand pour lui. Il se trouve que je ne suis pas fan non plus de la photographie du film qui affiche un côté terne tout à fait à propos (rapport à l’ambiance de fin du monde), mais qui, je trouve, affadit l’image. Il est rare que les choix de Nolan me déplaisent autant, mais une fois n’est pas coutume. Finalement, je ne m’y attendais pas forcément venant de ce réalisateur, mais je me vois contraint de placer Interstellar dans les films que je n’ai pas aimé. Et la distribution classieuse, à base de Michael Caine, Anne Hathaway, Matthew McConaughey et Matt Damon ne rattrape en rien cette perception.
D’un point de vue purement technique et visuel, Interstellar est plutôt chouette et original. Je pense que c’est un film qui peut plaire, car c’est assurément du bon travail. Mais pour ma part, le sujet, le traitement d’icelui, le trop grande précision dans la narration, la couleur, la durée des scènes, et la musique, sont des éléments qui m’ont plutôt déplu.
Et vous, qu’en avez-vous pensé ?
D'autres os à ronger
Tags: 2001 l'Odyssée de l'Espace, Anne Hathaway, Christopher Nolan, Hans Zimmer, Matt Damon, Matthew McConaughey, Michael Caine, Space opera
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