Kick-Ass premier du nom entrait pour moi dans la catégorie des bons divertissements. Un film bien fait compte-tenu de ses moyens, des acteurs efficaces, des scènes d’actions réussies et un humour décalé fort original. Même s’il puisait son contenu dans un Comics prenant son propre contre-pied, il remplissait largement ses objectifs. Kick-Ass 2 était donc autant une attente qu’une appréhension, d’une part parce qu’une suite n’était pas indispensable (sauf quand les producteurs y voient un filon pour gagner des sous-sous), et d’autres part parce que je craignais qu’une suite ne perde bon nombre des éléments qui ont fait le succès du premier, à savoir : la surprise, les acteurs méconnus (outre Nicolas Cage et Mark Strong), l’innocence (forcément perdue compte-tenu de la conclusion du premier opus), la naïveté et le décalage.
Kick-Ass 2 me laisse une impression mitigée. A tout point de vue, le film s’efforce de reprendre la recette du premier mais n’arrive pas à se hisser à hauteur de ses ingrédients. Cela vient en partie du fait qu’il est impossible de retrouver cet état de grâce essentiel qui n’appartient qu’à l’effet de surprise du prédécesseur. Kick-Ass 1 m’avait touché parce que je trouvais que son héros (un anti-héros en fin de compte) me correspondait (non, je ne lui ressemble en rien, mais sa normalité et son engouement pour les super-héros me parlaient). Lorsqu’il se fait démonter la tronche par les truands qui le capturent lui et Big-Daddy, on ressent sa détresse et l’inéluctabilité de ses choix. C’est bien raconté et c’est prenant. Le problème est qu’en toute fin du film, il devient véritablement un héros (pas « super », mais c’est toujours ça). Après quoi, il ne peut plus redevenir ce qu’il était, à savoir, un costume un peu crétin avec « une capacité au-dessus de la moyenne à se faire tuer » (citation du premier film).
Aussi, Kick-Ass 2 part avec ce handicap de ne pouvoir recréer le contexte qui fait la saveur du premier film. Outre le fait qu’il dérange certains acquis du premier (le héros a une petite amie qui connaît son identité secrète, Hit-Girl à une vocation de vraie héroïne, etc.), il fait évoluer l’humour de situation simple et frappant vers un gros registre d’allusions graveleuses omni-présentes. On est à la limite du trash même si on reste dans le domaine du suggéré. Non seulement ça, le scénario du premier qui se servait d’une histoire de vengeance comme toile de fond exploite maintenant ouvertement ce filon dans une escalade sans limite de violence.
Autre point douteux de Kick-Ass 2, c’est l’apologie de la violence justement. Je ne suis pas impressionnable, et des bonhommes, il peut bien s’en trucider à la pelle (jeu de mot), ça pourra toujours me faire marrer d’une façon ou d’une autre. Sauf quand c’est gratuit. Kick-Ass 2 se montre ainsi gratuitement violent, car rien ne justifie véritablement les actes de violences auxquels se livrent les « méchants ». Sauf à dire qu’ils sont méchants, donc doivent faire des actes de méchants, ça n’a que peu de sens contrairement au premier, où c’était sacrément sanglant, mais tourné en dérision. Comment expliquer qu’il est plus amusant de voir une fillette de 10 ans découper des malabars armés de flingues ou de couteaux sur une musique entêtante, que de voir Mother Russia (1m85, 110kg… c’est une femme, si) découper des policiers avec une tondeuse à gazon sur un rythme sinistre ? Non, je ne sais pas. C’est peut-être une question de « sensibilité », ou bien nous n’avons pas le même humour. Pourtant, ces deux approches sont censées être drôles…
En dehors de cette tentative d’inverser les rôles des personnages centraux (Kick-Ass et Hit-Girl) par rapport au premier film, Kick-Ass 2 se fond dans une sorte de normalité du genre. On y trouve une sorte de surenchère du super-héros et du super-vilain, rivalisant de ridicule, qui n’arrive pas à la cheville de cet énorme décalage tragi-comique qui faisait de la première sortie de Kick-Ass dans la rue pour empêcher deux délinquants de piquer une caisse, une rencontre pathétique dont on se surprenait à espérer qu’elle se terminât bien pour le héros. A cela s’ajoute plusieurs péripéties familiales qui n’arrivent pas à m’arracher une larme malgré leur potentiel de cruauté. Tout cela pour nous mener à un final assez désastreux qui ressemble plus à une simple oh-là de foule qu’à une vraie baston sérieuse et à la conclusion téléphonée.
En terme de réalisation, l’on reconnaîtra une certaine constance et un travail de qualité honorable. Le montage me semble, quant à lui, un peu plus brouillon que son prédécesseur. Quant à vouloir se payer une célébrité comme Jim Carrey pour renforcer la distribution et en faire un si mauvais usage est un peu du gaspillage. Non seulement, il est méconnaissable, ses dialogues sont pathétiques et il n’est pas du tout employé pour ce qu’il sait faire (une gestuelle bien à lui qui s’estompe ici devant l’efficacité requise par le rôle du leader super-héros charismatique). Il y a globalement moins de peps dans la mise en scène et on est très loin du rendu qualitatif des exploits de Hit-Girl dans le premier opus.
Un dernier mot sur le gag de fin (fin de générique) qui me fait penser à un clin d’œil à la toute fin de Daredevil et les déboires du Tireur avec une mouche dans l’hôpital où il se trouve. Dans Daredevil, c’était drôle. La fin de Kick-Ass 2 ouvrant la porte à un 3, nous avons tout à craindre d’un troisième qui n’a plus rien d’original à se mettre sous la dent.
En conclusion, Kick-Ass 2 est un divertissement à la hauteur du panier 2013… pas terrible. Il n’arrive pas à la cheville du 1. Donc si vous avez aimez le 1, apprêtez-vous à être déçu. Pour ceux qui n’ont aucun point de comparaison, ça peut constituer une distraction correcte.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
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Tags: Chloé Moretz, Jim Carrey, Kick-Ass, Super-héros
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