Je ne connais que les faits, et quelques noms. Je constate avec dépit cette vague de sourde colère mêlée de tristesse et d’incompréhension, qui, au travers de ces simples mots « je suis Charlie », véhicule une opinion à toute épreuve : ces rachitiques du bulbe, ces trépanés de l’amour propre, ces décérébrés du bon sens, ces atrophiés de l’humour, ces handicapés de la pensée libre, ces amputés de la réponse proportionnée, ces trisomiques de l’amour de son prochain, ces estropiés de la comprenette, ces infirmes du courage, ces mutilés de l’intelligence, ces écervelés de la bonté, ces éclopés du respect de la vie, ces impotents du respect de l’avis, ces paralytiques du droit commun, ces manchots de la raison qui ont commis ces atrocités du 7 janvier ne font que renforcer notre détermination à les ignorer. Non pas ignorer qu’ils existent, car, hélas, ils se rappellent un peu trop violemment à notre bon souvenir, mais ignorer le message qu’ils véhiculent, et ce n’est pas difficile, car il n’y en a aucun.
Par ces mots, je ne m’adresse pas à eux, ils ne me comprennent ni ne me lisent sûrement pas. Par ces mots, je ne m’adresse pas à vous, même s’il n’y a que vous qui me lisez présentement. Par ces mots, je veux juste réaffirmer une chose au cœur de mes émotions et de mes pensées. Toute connotation politique ou religieuse à des gestes aussi vils, toute appropriation d’idée, toute revendication bâtie sur la violence ne fait que réveiller et attiser le feu du conflit. Ce comportement a déclenché des guerres à travers les âges. Aujourd’hui, nous apprenons à les mener sans violence physique, sur le papier, sur la toile, accompagné d’un sourire ou d’un clin d’œil ou dans une trollerie rageuse. C’est civilisé, simple, et relativement direct. Pas forcément plaisant, mais au moins ça ne tue personne. Je crois qu’un jour cela satisfera la nature humaine. C’est optimiste, peut-être, mais essentiel. Et chacune de ces tragédies est un sursaut d’imbécilité qui renforce cette conviction. Parce que la violence est un aveu de faiblesse. Ceux qui pensent le contraire ne rêvent que d’anarchie et de sauvagerie et sont à peine mieux éduqués que des amibes.
On ne pourra sans doute pas éviter que les choses ne dégénèrent et ne prennent des tournures encore plus dramatiques. Et ma conviction que nous sortirons grandi de cette épreuve n’en est pas moins grande. Le calme précède la tempête, mais il la suit aussi. On peut croire qu’il n’y a plus rien à bâtir sur les ruines du bon sens, mais aucun orage n’est assez fort pour briser l’unité d’une nation, l’unité d’un peuple. Curieusement, c’est assez souvent à ce genre d’argument que les extrémistes (dans son sens le plus négatif) s’abreuvent. Et nous sommes des extrémistes. Nous sommes des extrémistes de l’humanité et nous sommes plus nombreux. Nous seuls grandirons au travers de cette épreuve.
Ceci est un message de paix et d’espoir, et je voudrais être davantage lu pour être entendu. Je n’ai pas le monopole du bon sens, ni même la voix de la raison. Il n’y a que mon propos, mes idées et mes convictions pour étayer ma position. Je regrette que des gens soient morts si sauvagement assassinés. Mais ce n’est pas vrai qu’à Charlie Hebdo, tout cela arrive tout le temps, partout dans le monde. Je veux que cela cesse alors « je suis Charlie ».
D'autres os à ronger
Tags: Charlie Hebdo, Je suis Charlie
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