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Juil

IRL

   Ecrit par : Wiz   in Divers, Jeux vidéos, L'Ours

Cet acronyme anglais, utilisé tel quel par les meuporgiens pour séparer leurs petits univers virtuels du seul et unique qui compte vraiment, ce terme abscons, In Real Life, qui bêtement traduit en français donne En Vie Réelle ou Dans La Vie Réelle, indique à quel point il est parfois nécessaire de savoir faire la part des choses. En effet, on a finalement cru bon de décider qu’il existait au moins deux endroits dans lequel s’exprimer et vivre, la Vie Réelle d’une part, et le reste d’autres parts, parfois sans importance, parfois trop important, qui représente un contexte étrange, incompréhensible et forcément différents, donc quelque chose dont certains doivent avoir peur, et dans lequel l’IRL n’a pas sa place.

Depuis que je fréquente les univers virtuels des MMORPG, donc fort d’une expérience d’au moins 12 ans qui n’est pas terminée, il m’apparaît que l’on se trompe du tout au tout sur cette vision des choses. Un peu avant les années 2000 qui ont vu le début de l’explosion d’Internet, le MMORPG s’est imposé comme le premier vrai réseau social d’envergure. Eh oui, ne prenez pas ces airs effarouchés, un « face de bouc » ne serait rien sans un Ultima Online, un Everquest, un The 4th Coming, un Dark Age of Camelot, un Acheron’s Call, un World of Warcraft et j’en oublie. Certes, ce qui rassemble les gens d’un même réseau social, quelle que soit sa plate-forme sont des liens parfois différents de ceux qui unissent les joueurs de MMORPG… Mais différents à quel point ?

Je suis forcé de m’inscrire en faux. J’ai sans aucun doute le profil d’un gamer, et je devais écrire initialement un article (un de plus) sur Guild Wars 2, le prochain MMORPG qui va me réconcilier avec ce type de jeu pour un temps (et je ferai cet article mercredi, promis 🙂 ), mais je ne peux pas simplement parler d’un MMORPG sans parler de ce que j’ai vécu ce dernier week-end et qui est un rappel constant et bénéfique de ce que sont et ce que valent les rapports humains, et ce quels que soient leurs supports. Parce que voilà, dans le jargon des meuporgiens, je suis allé ce week-end à ce qu’on appelle communément une rencontre IRL, ou plus simplement une IRL. C’est évidemment un anglicisme doublé d’un barbarisme dans le contexte. A l’heure où j’écris ces mots qui seront virtuellement diffusés sur un support aussi volatile qu’un déplacement d’électrons dans un corps cuivré, il faut que vous compreniez que je suis là, dans mon bureau, en train de taper sur mon clavier, dans mon appartement, et que tout ceci est tout aussi réel est présent que ce que je prétends avoir fait de mes dernières 48 heures. Alors il n’y a pas vraiment de distinction ni même de sens à dire que je me suis rendu à une IRL, ceci est d’une évidence crasse.

J’ai vu des vrais gens, et sans l’intermédiaire d’un microphone enregistrant et numérisant mes propos pour les transmettre électriquement au travers d’un réseau informatique complexe afin de les restituer par une reconversion inverse sur les enceintes analogiques d’un quelconque appareil audiophonique, je leur ai même parler. Mieux encore, je les ai touchés, j’ai trinqué, bu et mangé avec eux et nous avons ri. Et il y en a encore pour appeler ça une IRL, comme si ça avait la moindre importance de distinguer cette rencontre d’une autre par le biais de cette sotte définition ? Non, je regrette. Vous faites fausse route. Il n’y a pas d’IRL qui tienne. Lorsque vous jouez à un MMORPG quelconque, que vous croisez l’avatar d’un autre joueur, que vous lui parlez ou que vous interagissez avec lui d’une quelconque autre façon (même en lui tapant sur la tronche, après tout, ces jeux ne sont pas toujours très fins dans leur approche sociale 😉 ), ce qu’il y a à l’autre bout de l’écran, c’est un être humain, qui va enregistrer vos propos dans sa mémoire à lui, et dont l’esprit ou le cœur, ou les deux en même temps, répondront à votre geste, vos mots, et à la gueule de l’avatar que vous avez choisi. Ce n’est pas virtuel ! On a inventé avant cela des moyens plus direct de parler à quelqu’un à distance, ça s’appelle le téléphone, mais même si le support de communication évolue, même si « ce n’est qu’un jeu », même si on aimerait bien juste se défouler sur la première gueule pixellisée un peu de traviole qu’on rencontre pour y puiser le fun défoulatoire permettant d’atténuer notre stress professionnel ou estudiantin (ou nos secrètes passions débridées et inexplicables d’adolescent incompris), ce que l’on éprouve et ce que « l’autre » éprouve n’est pas virtuel !

En fait, je ne crois pas que le virtuel existe. Certes, on pourrait me taxer de transhumaniste à la petite semaine, et si je me contentais uniquement de vivre ainsi ma vie, mes passions et mes sentiments c’est probablement un courant dans lequel je me complairais, mais non, ce n’est pas mon cas. C’est ainsi depuis 12 ans que je fais des rencontres en ligne, que j’en transforme la plupart en rencontre physique (non, je ne dirai plus IRL ! ). Je ne dis pas qu’au long de toutes ces années, j’ai pu garder un contact avec toutes même si je le déplore. Mais il est des personnes qu’on n’oublie pas. Même si on ne se souvient d’elles que comme des tas de pixels à l’écran et parfois des voix sur un chat vocal, on sait, au fond de soi, que tout ceci n’a rien de virtuel.

Alors voilà, à l’occasion d’un barbecue magnifiquement organisé par quelques-uns de ces personnages, comment l’on passe un bon moment et comment l’on se souvient. Comment on se rappelle parfois plus des noms d’avatars exotiques pas forcément originaux, des Deirdre, Métabaron, Buzar, Orion, Talona, Cyloane, Moire, Evelys, Ashley, Abelorn, Félomes, Mashad, Mortitia, Nadnin, Katrina, Mabelle, Valou, White Shadow, Ghim, Kallista, Sariel, et j’en oublie. Comment on se souvient de joueurs et joueuses qui ont marqué notre vie et que l’on a déjà croisé une fois ou deux, voire plus (ou qu’on projette de rencontrer tôt ou tard de visu), des Rol (toi… la prochaine fois que je passe à Toulouse… ! ), Bénédicte, Eric, Célia, Fabien, Vanessa, Beny, Jérôme (qui me manque gravement), Evelyne, Xavier, Alexandre, Axelle, Pascal, David, Skal, Florence, Christophe, Krikri (qui ne voudrait pas que je l’appelle autrement), Stéphane (qui ne se reconnaît pas par son propre prénom), Roxane, Nicolas, Christian (le meilleur gars gars du monde), Patricia, Anne-Marie, Natasha (maman lead), Laurence, Mathieu, Dominique, André, Jean, Frédéric, et j’en oublie… Comment on se rappelle des kilomètres avalés pour traverser la France, la Suisse ou la Belgique en long en large et en travers pour rencontrer tout ce beau monde. Voilà des moments, pas moins vrais d’un point de vue émotionnel, mais sacrément réels du point de vue de tout nos autres sens, que je dois aux MMORPGs.

A ceux qui auraient été cités, et à ceux qui me connaissent mais dont je ne me suis hélas pas souvenu, je dédie ce message : je vous dois d’être ce que je suis, j’en suis fier et je vous en remercie. Alors, oui, vous trouverez sans doute que ce n’est pas une réussite (et même peut-être un échec), mais je ne peux pas simplement le penser sans le dire, parce que de toute façon, vous n’y êtes pour rien. Tels que vous êtes, vous êtes aussi tel que je vous vois. Aucun d’entre nous n’est seulement la somme de ce qui le constitue, il est aussi l’image que nous en avons donné à tout ceux qui nous ont rencontré. Il n’y a probablement aucune gloire à tirer du fait que je vous connaisse, mais d’être connu de vous, je vous l’assure, est un très grand honneur.

Ceci est mon plaisir.

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Cet article a été publié le lundi 23 juillet 2012 à 17:45 et est classé dans Divers, Jeux vidéos, L'Ours. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

13 commentaires pour le moment

 1 

Clap clap clap !
Merci beaucoup pour cet article qui met des mots sur une idée que je partage largement. Même si dans mon cas les relations « virtuelles » ne viennent pas de Meuporgs mais plutôt de blogs et forums.

Je retiens la phrase : « En fait, je ne crois pas que le virtuel existe. » Tout est dit !

Joli blog d’ailleurs. Je pose mes valises et je vais faire le tour du proprio.

30 juillet 2012 à 11:12
 2 

Merci bien et bonne visite 🙂

30 juillet 2012 à 11:31
 3 

Pas de quoi. Je me suis permis de linker ton article sur la page facebook de mon chez-moi « virtuel ».

30 juillet 2012 à 11:35
 4 

Beau billet 🙂
Oublions la définition de virtuel qui nous suggère « contraire de réel », car au-delà des pixels d’un MMO ou des lignes numériques d’un forum, ce sont bien des êtres pensants qui communiquent, échangent, se découvrent, se lient d’amitié, parfois plus encore.. Et de toute évidence il n’y a rien d’irréel là-dedans 🙂

30 juillet 2012 à 15:32
 5 

[…] mais un moyen. Si j’écris une lettre, si je peint, si je téléphone, est-ce virtuel aussi ? Il n’y a pas que moi qui le dit : le virtuel, ça n’existe […]

15 septembre 2012 à 11:59
 6 

[…] ne suis pas en train de vous parler de piratage. Après avoir longuement disserté sur le fait que le virtuel n’existe pas, il me faut admettre que mon raisonnement et mon argumentaire comporte une faille. Parce que si je […]

10 décembre 2012 à 17:54
Corentin
 7 

Très pertinent et très intéressant, merci d’avoir écrit

18 avril 2013 à 23:26
 8 

[…] Après quoi, « Wiz » est véritablement un pseudo, et « Lendraste » également, mais je ne les revendique pas comme des identités de substitution. Si tout cela est évoqué c’est parce que je suis Wilfrid, Wiz, Lendraste et l’Ours, tout ça à la fois. La raison d’utiliser parfois des désignations qui ne correspondent pas à mon identité civile est avant tout historique. Car je n’ai pas toujours pensé que d’utiliser en ligne ma véritable identité était une bonne chose. Et j’ai donc développé plusieurs pseudo-identité à plusieurs périodes de mon existence numérique. A un moment donné, j’ai changé d’avis, et pour assumer ce changement, je me devais de signaler qui j’étais à tout ceux qui me connaissent sous ces pseudonymes. Une partie de ce changement d’état d’esprit est d’ailleurs expliqué dans mon article sur l’IRL. […]

5 octobre 2013 à 18:01
 9 

[…] est confronté (et pour ceux qui me disent que c’est du virtuel, bla bla, je les renvoie à mes convictions en la matière […]

2 novembre 2013 à 17:58
 10 

Oui, je partage cette idée (merci d’avoir mis un lien en commentaire).

Et sinon, un peu hors sujet, mais comme tu en parles: tu penses quoi de l’extension de GW2? attendue avec impatience?

28 mai 2015 à 08:09
 11 

Pour le moment, j’en pense pas grand chose. Je n’ai pas d’accès bêta et le peu que j’en sais est publiquement connu. Difficile de se faire une idée là-dessus. Même si je n’ai pas encore éclusé le contenu GW2 « vanilla », je pense que j’achèterai cette extension et que j’explorerai le nouveau contenu avec la même curiosité, à mon rythme. C’est l’avantage d’un jeu qui ne fonctionne pas sur abonnement, on peut prendre son temps et tant qu’il y a des choses à voir, tant que les concepts du jeu ne sont pas remis en question et tant que la qualité du contenu ne baisse pas, je ne vois aucune raison pour m’arrêter là.

28 mai 2015 à 08:46
 12 

Je dois dire que j’ai quand même peur, parce que les derniers épisodes de l’histoire vivante, c’est devenu du bash d’event pour tenter de chopper une pièce d’armure. Mais j’adore le monde de GW, depuis le premier opus (c’est d’ailleurs le jeu sur lequel je suis resté le plus longtemps avec AOC). J’ai peur que l’extension prenne l’optique amorcée dans les derniers épisodes, à savoir faire encore et encore les mêmes évents en boucle. Mais bon, je risque vraisemblablement de l’acheter dès la sortie, fan oblige. (et je n’ai pas eu de clé bêta non plus, mais pas trop eu le temps de me connecter pendant qu’ils proposaient de chopper des clés IG).

28 mai 2015 à 08:52
 13 

Ce n’est du bash d’event que si tu veux choper ladite pièce. En fait, je ne comprends pas, outre le côté esthétique de la chose, cette course à l’équipement dans un jeu où l’équipement n’est pas du tout nécessaire pour apprécier le contenu. Dans un WoW où se « stuffer » est la condition nécessaire et suffisante pour explorer le contenu HL, cela a du sens, mais GW2 se démarque significativement. Ça n’a donc pour moi aucune importance. Car si l’on considère les derniers tronçons de la quête histoire et les quelques events récurrents qui s’y sont greffés pour ce qu’ils sont, je ne les trouve en soi pas moins fun que le reste.

28 mai 2015 à 09:10

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