Je suis allé voir ce semi-préquel de 300 sans conviction aucune. Attiré par la beauté graphique du genre, je n’attendais rien de l’histoire, même si on m’avait vendu que c’était la suite. Mais non, il ne faut pas s’y tromper, ce n’est pas une suite, c’est pour moitié un préquel et pour l’autre moitié un sidequel : je ne sais pas comment le traduire en français en un seul mot sans faire un méchant barbarisme, mais disons que le sidequel, c’est ce qui se passe « ailleurs » pendant le déroulement d’une autre histoire. C’est donc le « pendant ce temps-là à Vera Cruz » de 300 quoi ! Autrement dit, la moitié du film s’appesantit sur des évènements parallèles à la bataille des 300, pour se terminer un peu avant la conclusion de 300. Donc on n’aborde en fait aucun des événements postérieurs à 300, ce qui, à coup sûr, n’en fait pas une suite.
Le scénario n’a pas grand chose à nous apprendre sinon comment Xerxes, le méchant empereur sous hormone de croissance est passé du statut de fils insignifiant de Darius à Empereur-Dieu des Perses. Le film remet en scène le dit-échalas, tout en nous présentant un nouveau personnage, la général Artémise, jouée par Eva Green, et qui nous fait un méchant assez charismatique pour l’occasion là où l’empereur demeure aussi salement antipathique que dans le précédent opus.
Mais concrètement, que vaut ce 300 là ? Rien de plus que le précédent. L’objet du film est plus esthétique qu’historique, et son propos ne décolle pas au-dessus de son prédécesseur, nous servant une tartine spongieuse de bons sentiments à base d’honneur, de fidélité, de patriotisme et de courage dans le seul but de nous montrer que bons sentiments ou pas, la guerre n’est qu’un hachoir à viande. Il n’y a aucune leçon à en tirer, si ce n’est la pure et cruelle beauté des corps qui se déchiquètent, se transpercent et se brûlent au ralenti. La seule vraie nouveauté par rapport à 300, c’est le fait que ça se passe sur l’eau et que la mise en scène surréaliste des batailles maritimes nous apprend que la surface de la Mer Egée n’est pas globalement plane mais dotée de reliefs ressemblant fort à de larges collines… d’eau. On nous apprend aussi que les galères, ça peut faire du dérapage contrôlé ou des virages à 90 degrés pour éperonner par surprise le flanc les méchants abrutis de Perses qui ne connaissent que la ligne droite.
En dehors de ces aberrations qui ne sont autres que des effets de style comme on peut en voir dans un roman graphique, dont ce film n’est pas l’adaptation mais qui reprend les codes de 300 qui était adapté de l’œuvre de Frank Miller, ce film se laisse toutefois regarder. Il y a un souci inégal du détail, comme certaines scène où la réalisation 100% images de synthèse frappe comme un boxeur poids lourd et s’insère assez mal dans le déroulé de l’action, mais c’est assez somptueux et bien fait pour ne pas crier au loup. Finalement, la promesse de ce film est d’enrichir la portée des évènements et de l’univers même de 300, sans trop se préoccuper de la cohérence historique et encore moins de la vraisemblance du rendu, tant il est important ici de restituer cet effet de BD en mouvement qui était propre à la réalisation de Zack Snyder (l’auteur de 300).
Ça aurait pu être quelconque, et ça ne l’est finalement pas. Mais je suis dubitatif quant à la valeur ajoutée de l’œuvre dans le monde du 7ième art qui avait justement déjà exploré l’atypisme au travers de 300 et qui ne renouvelle pas vraiment l’exploit, se contentant de le copier et de faire comme si. En revanche, question continuité, c’est au point. Nous retrouvons les acteurs des rôles clés permettant de faire la soudure entre les deux opus, comme Cersei… heu… Lena Headey dans le rôle de la Reine Gorgo, David Wenham dans le rôle de Dilios, le seul survivant borgne des 300, et Rodrigo Santoro qui nous campe l’Empereur Xerxes. Mais ils sont tous pour ainsi dire des personnages secondaires de cette histoire où Themistocles, le rôle principal, est tenu par Sullivan Stapleton un acteur de séries et donne la réplique musclée à Eva Green.
En conclusion je dirais que 300, la naissance d’un empire a le mérite d’exister et d’être une extension viable de 300, mais qu’il reste dans l’ombre de son prédécesseur sans qui il ne pourrait justement exister, car la lutte de Themistocles contre l’invasion Perses est finalement moins percutante dans l’histoire que le récit des 300 spartiates, les vrais zorros de l’histoire.
Et votre avis, c’est quoi ?
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Tags: 300, David Wenham, Eva Green, Frank Miller, Lena Headey, Zack Snyder
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