La fin du monde ayant manqué son rendez-vous avec notre réalité, je me suis dit que je n’avais plus à craindre de manquer la suite du Hobbit et son voyage inattendu, donc je me suis fendu d’un billet surtaxé pour aller voir la VF 3D.
Avant tout chose je tiens à préciser que je n’ai jamais lu Bilbo le Hobbit. Ce n’est pas l’envie qui m’en manque d’une manière générale, ayant lu le Silmarillion et le Seigneur des Anneaux, mais j’ai mis l’ouvrage de côté quand j’ai su que Jackson ferait une nouvelle série de films pour enrichir son oeuvre cinématographique. A ce propos, je suis un inconditionnel aficionado du Seigneurs des Anneaux adapté au cinéma, un véritable chef d’oeuvre du 7ième art moderne de mon point de vue, une réussite incomparable et inégalable, MA référence du film réussi. Forcément, ce qui va suivre est absolument dénué de toute objectivité, car mon attente envers Le Hobbit, un Voyage inattendu était de trouver la digne préquelle du SdA au cinéma et non la fidèle adaptation d’un livre.
Donc après visionnage, je peux dire que je suis plutôt satisfait. Car si le récit recherche une légereté de ton bien supérieure à celui du SdA, ce qui va dans l’esprit de Bilbo le Hobbit pour ce que j’en sais, l’imagerie, les couleurs, les décors, la narration et les personnages sont d’une qualité qui est dans la lignée du SdA, en mieux. Ben oui, plus de 10 ans après, il fallait quand même s’attendre à ce qu’il y ait quelques améliorations techniques et je dois admettre que ce voyage inattendu en mets plein la vue.
L’accroche du film m’a d’ailleurs immédiatement donné envie de me remettre au SdA, car le démarrage est strictement ce qui précède le début de la Communauté de l’Anneau. On peut d’ailleurs remarquer à plusieurs moment du film de nombreuses références, et pour cause, ce n’est pas la préquelle du SdA pour rien et il est particulièrement délicat de garder la cohérence de l’ensemble quand la suite est déjà écrite. C’est un peu comme quand on s’intéresse à la guerre des étoiles dont les premiers épisodes créés sont les 4, 5 et 6, quand on y revient presque 20 ans plus tard avec 1, 2, et 3, on peut quand même dire que ça ne se ressemble plus trop. Ici, fort heureusement, cet écueil a été évité. Le respect du contexte est excellent. En même temps, c’est assez facile, avec les elfes et les istari qui sont immortels, faire la liaison entre les 2 histoires, même 60 ans plus tôt, est relativement aisé.
A part ça, signalons que le format reste assez imposant pour cette nouvelle saga, pour 2h45 minutes de film, nous n’avons là que le tiers de ce nouveau récit. Et pourtant, c’est dans l’ensemble très vivant et il y a peu de temps mort (j’ai pas dit qu’il n’y en avait pas), et plus orienté action que son prédécesseur. Finalement, s’il y assez de place pour explorer et s’offrir une tournée de clichés de la Terre du Milieu, le Hobbit reste cantoné à un récit d’aventure exotique et surtout héroïque. Car contrairement au SdA ou la magie et le fantastique s’intègre dans l’univers de façon assez discrète, nous avons ici affaire à une véritable débauche de monstres et de créatures, d’effets magiques, et de combats épiques.
Je n’irai pas prétendre que le Hobbit est conforme à son modèle, puisqu’il véhicule de façon plus modeste les codes de l’épopée du SdA et il est notablement plus brouillon du point de vue de la cohérence. De nombreuses rencontres ponctuent le Voyage inattendu comme s’il s’agissait d’une historiette rocambolesque, et en cela, je pense qu’il s’inspire vraiment du livre, mais il paraît clairement enrichi de diverses façon par un contenu de la Terre du Milieu qui est déjà apparu dans le SdA, une façon comme une autre de démultiplier la richesse et la profondeur de cette oeuvre, tout en gardant un petit côté gentillet. Notons que parmi les nombreux personnages mis en avant nous craignons rarement pour leurs vies même dans les passages les plus critiques de leur aventure. Les voir ainsi survivre tout au long de leurs péripéties n’est donc pas une surprise.
A cela j’ajouterai le côté un peu ridicule de certaines situations qui sans être totalement absurdes passent assez mal avec le sérieux de l’oeuvre. Par exemple repousser des orcs avec des pommes de pin enflammées ou la partie de jonglage avec la vaisselle. Je concède que le ton humoristique est de rigueur pour quelque chose sensément plus léger que le SdA au niveau de l’ambiance, mais le tragi-comique ne lui colle pas trop. Je reste néanmoins ravi par ce que j’ai vu, car c’est du très haut niveau de réalisation, quelque chose qui se fait rare dans le 7ième art de nos jours. Et c’est dommage qu’il faille un Peter Jackson qui, sans être un mauvais réalisateur n’a jamais crever les plafonds (et alors qu’on porte des nullités aux nues), pour nous le rappeler tous les 10 ans.
J’attendrai la fin de cette nouvelle saga pour classer Le Hobbit dans la liste de mes meilleurs films au rang du SdA, donc il va encore s’écouler quelques années avant d’en apprécier l’ensemble. Mais entre temps, je vais m’offrir la lecture de Bilbo qui prend la poussière dans ma bibliothèque, et donc probablement avoir un oeil différent sur ce qui a été réalisé. Toutefois je reste convaincu qu’il faut offrir à Peter Jackson une critique cinématographique à part entière et non pas juger l’adaptation, car sans sa re-scénarisation et l’énorme recherche créative réalisée autour du SdA, ces oeuvres cinématographiques n’auraient jamais atteint leur dimension actuelle. Plus qu’une adaptation, Bilbo est ici une source d’inspiration pour enrichir l’univers visuel du SdA au cinéma et pour le moment, c’est particulièrement attrayant.
Un mot sur la 3D qui est de bonne qualité sans vraiment jouer sur le relief mais plus sur la profondeur. Techniquement, ça renforce la lecture de l’image et compte tenu de la qualité de l’arrière plan et des décors en général, c’est une bonne chose, mais franchement, ça passerait sûrement très bien sans 3D, ce n’est donc pas un argument convaincant.
Vivement la suite ! 🙂
Bon, et ceci étant mon dernier article de l’année, je souhaite à tous un excellent réveillon, et à l’année prochaine pour de nouvelles aventures.
D'autres os à ronger
Tags: Bilbo, Hugo Weaving, Ian McKellen, Martin Freeman, Terres du Milieu
3 commentaires pour le moment
Laisser une réponse