La traduction française un peu libre (et débile) des titres de la série originale me fait faire une remarque sur le titre de cet opus qui se veut la « suite » de la dynamique et très réussie série des Bourne. Le tout premier, The Bourne Identity, idiotement traduit par « La mémoire dans la peau » n’utilise pas le nom du personnage principal. C’est au moment de sortir une suite que le nom de Bourne est enfin reprit dans le titre français. N’est-ce pas amusant ? Non ? Allez, si, rigolons bien de ce magnifique « raté » de la section française du marketing cinématographique américain. Aller pour la petite histoire, amusons-nous un peu. « The Bourne Supremacy », traduit par « La Mort dans la Peau », puis « The Bourne Ultimatum » traduit par « La Vengeance dans la Peau ». Jusqu’en 2007, Jason Bourne, n’était qu’une « peau ». C’est pas de bol 🙂
Ce dernier volume d’une série rendue célèbre par une réalisation très dynamique mettant en scène un héros peu commun a pour ambition de faire la soudure avec une suite possible. C’est la mode actuelle du cinéma américain de ne rien inventer et de s’acharner à justifier l’expression bien connue, « c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe ». Et je peux vous assurer que, de la soupe, ce truc en est. Quant à dire qu’elle est bonne… En fait, The Bourne Legacy, le film, est une adaptation d’un roman, comme les premiers Bourne écrits par le regretté Robet Ludlum décédé en 2001. C’est un type nommé Eric Van Lustbader qui, sans doute après le succès du premier opus retranscrit au cinéma (en 2002), s’est dit qu’il y avait sans doute du fric à se faire (il publie The Bourne Legacy en 2004). Les trois premiers films en version française héritent en cela des traductions originales des premiers bouquins. Un peu comme Game of Thrones qui devient le Trône de Fer en France, c’est dommage de ne pas être plus proche de l’esprit original. Avec cette quatrième adaptation, The Bourne Legacy devient Jason Bourne : l’Héritage, alors que le bouquin s’est intitulé « La peur dans la peau ».
Ce film ne met pas en scène Jason Bourne et les évènements relatés sont parallèles à l’histoire des deux derniers films, ce que l’on comprend par les références multiples à des évènements de Bourne Supremacy et Bourne Ultimatum au fil du déroulement de notre aventure. Ainsi, l’histoire de Jason Bourne devient la toile de fond de ce nouveau récit qui va faire se rebeller un autre agent d’un autre programme parallèle à celui de Threadstone, Black Briar et tout le tintouin à la base de toute l’affaire. L’occasion de découvrir que les programmes secrets de super-agent américains sont légions et que tout est en train de péter à la figure d’une espèce de super-gestionnaire (incarné ici par Edward Norton) dont la mission est d’effacer le problème de la façon la plus simple possible : on éradique tout. Seulement voilà, d’un côté Bourne s’en sort, et de l’autre, l’agent Aaron Cross (joué par Jeremy Renner) s’en sort aussi.
La problématique identitaire de Jason Bourne était un bon fil rouge dans les trois premiers épisodes de la série. Ici, c’est bien dommage, mais l’activisme de notre nouveau héros ne repose sur rien d’autre que sa survie. Si l’action est au rendez-vous et filmée dans la convention établie par la série, donc une mise en scène parfois limite confuse, caméra à l’épaule, affrontement très réaliste même si légèrement faussé par les capacités de surhomme de nos agents, le scénario ne brille que par son absence. C’est cousu de fil blanc, sans surprise. Bon, notre héros a quand même une motivation, une des plus simples, il veut survivre. Comme il est dépendant d’une drogue pour ça, il va faire ce qu’il faut pour se sevrer. Mais entre le moment où, semble-t-il, il prend cette décision, et ce qui se passe autour de la gestion des projets dont il est l’un des cobayes, le lien est ténu, bien trop ténu pour être crédible.
Je ne spoile pas plus, mais attendez-vous à ne vous attendre à rien de spécial. The Bourne Legacy est un bon film d’action, plutôt bien réalisé, mais n’apportant rien de plus au genre à part de relancer une machine dont on craint qu’elle n’aura pas le panache et l’intérêt de ce qui l’a précédé. Autrement dit, la soupe est fade et loin d’être aussi bonne que la même recette réalisée dans un pot neuf voici 10 ans. En outre, cela reste encore et toujours une adaptation d’un livre, donc ce n’est pas un scénario original… Ah non, cette fois-ci encore, ça n’est pas original.
J’ai l’air de râler contre le manque d’imagination d’Hollywood plus que de raison, mais jusqu’à une certaine époque, j’avais pu m’émerveiller de la créativité des grands studios cinématographiques américains. 2012 est une sacrée désillusion. Peut-être que ça a commencé avant, et je n’ai que récemment ouvert les yeux. Mais quoi qu’il en soit, comme râler est dans ma nature, c’est plus facile d’écrire ce genre de sujet. J’aimerai quand même bien voir un truc bien de temps en temps, rien que pour me clouer la gueule.
Ah oui, une remarque pour ceux qui vendent le pop-corn dans les salles de ciné, il faudrait mettre des annonces sanitaires sur les paquets, du style : « manger du pop-corn peut irriter les ours ». Je ne dis pas ça pour la personne qui était assise à côté de moi mais à deux hurluberlus placés devant moi qui se débrouillaient pour rater leur bouche quand ils tentaient d’en manger un. Juste agaçant.
D'autres os à ronger
Tags: Edward Norton, Jason Bourne, Jeremy Renner, Rachel Weisz
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