J’aurai pu largement parler de Geekopolis avant, mais j’ai manqué de temps et tout compte fait, il était quand même préférable que je le fasse seulement après y être allé, car il y a matière à plusieurs articles et je ne pourrais effectivement pas tout aborder dans cette chronique. Je vais faire ici un tour d’horizon du contenu de Geekopolis. Mais déjà, avant tout, de quoi est-il question ?
Geekopolis est un salon, une manifestation culturelle qui a été pensée par et pour les Geeks, cette frange culturelle étrange et marginalisée de la population dont l’existence et l’omniprésence n’est plus à ignorer. A ce titre, quelqu’un de mes amis en parle bien mieux que moi et je lui laisse la parole sur le sujet. Je ne m’attarderai pas sur la condition geek, ni sur sa définition. Il ne s’agit pas ici de savoir si oui ou non il existe une catégorie socio-culturelle à part représentative des geeks, car l’existence même de ce salon prouve qu’elle existe et qu’elle est peut-être moins marginale qu’on le croit.
On aurait tort de confondre systématiquement certaines activités de loisirs, artistiques ou culturelles avec la culture geek. Ce qui les rassemble n’est pas obligatoirement à mettre dans une case spécifique, et s’adonner à une activité couramment pratiquée par un geek ne fait pas de vous un geek. Au contraire, il s’agit là d’avoir une ouverture d’esprit phénoménale, un goût prononcé pour le rêve et l’imaginaire, et une volonté affirmée d’enrichir et de défendre cet univers abstrait quelque forme qu’il prenne, en gros, de faire ces choses-là avec passion. En cela, Geekopolis dresse un portrait relativement fidèle de ce qui « branche » les geeks, et rassemble toutes ces notions pour les faire connaître au grand public.
Quant au succès du message, j’essaierai de me tenir informé, tant sur le nombre d’entrées que sur le public atteint, ce qui ne sera pas évident. Mais pour ce qui est de mes propres observations, je constate assez rapidement que ce salon a attiré essentiellement des geeks et peu de simples visiteurs. A quoi reconnaît-on un geek à Geekopolis ? Où qu’il porte son regard, ses yeux brillent. Et c’est un constat plutôt flagrant.
Que contenait Geekopolis ? Cinq villages à thème, deux salles de conférence, un spectacle nocturne, et différents ateliers pratiques. Sur chacun de ces supports, on retrouvait pratiquement tous les modes d’expression, ce que nous appelons « média », qu’il s’agisse de musique, de vidéo (long métrage, web-série), de livres (roman, roman graphique, BD, manga), de mode (costplay, GN) ou d’artisanat (sculpture, maroquinerie, postiches, maquillage, etc.) , chaque registre était ici traité en profondeur, et qui plus est, avec beaucoup de sérieux. On pense souvent, à tort, que la culture geek se limite à une activité de loisir, mais c’est avant tout un mode d’expression créatif voire de métiers créatifs. Les geeks ne se contentent pas d’être, ils font.
Mais revenons sur le contenu de cette mini-cité :
Avalon : je commence par là où j’ai commencé. Moi et la fantasy, c’est une grande histoire d’amour (pas aussi grande que moi avec une certaine naïade, mais ça ne vous concerne pas ! ). Et Avalon, c’est le village Geekopolis de la fantasy avec un grand « F ». On y retrouve l’atypique web-série « Noob » (qui n’a, de relation directe avec la Fantasy, que le contexte de son univers fictif de MMORPG), l’inénarrable Donjon de Naheulbeuk, et une foultitude d’auteurs, d’artisans, de rôlistes et autres GNistes œuvrant dans des mondes imaginaires plus riches les uns que les autres. A Avalon se trouvait également une arène où diverses joutes se sont succèdées, faisant participer le public ou offrant aux plus frileux un spectacle distrayant quasiment non-stop. Avalon était l’espace d’exposition le plus grand et le plus fourni.
Little Tokyo : au même niveau qu’Avalon, mais dans la seconde moitié de l’étage, se trouvait Little Tokyo, qui, comme on peut le déduire de son nom, se consacrait majoritairement à la culture manga et japanimation ainsi que ses nombreux produits dérivés. J’ai trouvé une petite faiblesse à Little Tokyo, celle de ne proposer aucun stand de mode axé sur le manga. Autant l’on pouvait trouver de quoi se vêtir et se transformer à Avalon, autant Little Tokyo était dépourvu de cet aspect. C’est pourtant bien implanté dans la culture japanisante mais apparemment pas assez représentatif. En revanche, c’était le temple de la figurine avec des statuettes de héros de manga et d’animation de toute beauté et de support très varié (notamment l’Atlantis (le vaisseau d’Albator) en canettes d’heineken). Petite mention à un bébé de japanimation d’origine française, les Mystérieuses Cités d’Or qui disposait d’un stand muséographique rappelant de sacré bon souvenirs 🙂
Nautilus : au rez-de-chaussée se trouvait le village de Nautilus au look très travaillé. Se balader dans les rues de Nautilus était une plongée dans un univers Steam Punk décliné d’admirable façon. C’est là qu’on a pu y apprécier les costumes les plus impressionnants, de forte inspiration victorienne avec cette pointe de fantastique si particulière propre aux romanciers de la fin du XIXième et à leurs émules plus moderne. Un peu à la manière d’Avalon, on touchait beaucoup plus au visuel et à l’ambiance. Ici se côtoyaient de nombreux auteurs de bande-dessinée, avec des créatifs de modes et de jeux tous embellis par ce contexte.
Métropolis : plutôt orienté SF, le village Métropolis contenait beaucoup de références du genre, depuis l’incontournable Star Wars décliné en expositions de maquettes, constructions en Légo, costumes, pratique des arts Jedi, etc., vers le Docteur Who en passant par H2G2 ou Star Trek. Côté mode c’était le coin des T-Shirts aux effigies de divers héros du grand et du petit écran comme des comics. Côté art, c’était surtout le comics américain du DC aux Marvel. A l’extrême limite du quartier se trouvait une reproduction de la célèbre Delorean de Retour vers le Futur et les divers accessoires du film.
Teklab : un coin plus high tech et clairement dédié aux technologies modernes de l’informatique (notamment une petite rétrospective du jeu vidéo à travers ces 30 dernières années), de la robotique (avec des petites merveilles d’électronique et de mécanique pas toujours fiable, mais diablement évoluées), de la 3D immersive (un jeu de combat spatial avec des lunettes plus lourdes qu’une poêle à frire), et de la physique (notamment avec une expérience live sur les supra-conducteurs), et j’en passe… C’était un lieu plus ouvert à l’interaction, plus démonstratif.
Bien qu’établis dans une définition assez stricte, chaque quartier accueillaient des activités et des commerces parfois plus variés. Outre ceux-là, et le contenu déjà riche de Geekopolis, s’ajoutait une série de conférences très instructives. Le problème est qu’on ne pouvait que difficilement les suivre toute étant donnée que certaines étaient jouées dans des salles différentes au même moment. Je dirai que c’est dommage. Il n’y avait pas de recouvrement des thèmes sur les deux jours, si bien qu’en manquer une qui nous intéressait nous privait définitivement de sa découverte. Il en allait de même pour les ateliers. Entre apprendre à monter une maquette d’un Gundam riche de plusieurs centaines de pièce (une sorte de puzzle 3D) et s’initier à la langue elfique, il fallait faire des choix draconiens pour couvrir les sujets d’intérêts. Sur deux jours, il est quand même question de plus de 30 activités différentes d’une heure chacune. Un programme extrêmement riche et chargé.
C’est un point assez décevant que de ne pouvoir assister à plus de choses. La perte est énorme et les sujets ne sont pas forcément recouvert dans les différents stands. De plus le programme étant ce qu’il est, il était même possible de ne faire que des activités de conférence et d’atelier en occultant la visite à proprement parler. Cela montre finalement à quel point la culture geek est étendue et riche et que ses centres d’intérêts peuvent parfois se trouver aux antipodes.
D’un point de vue plus « organisationnel » et « communication », il n’était pas évident de savoir que les billets de type « prévente » acheté en ligne interdisaient toute sortie (tout comme les billets acheté en caisse), autrement dit, on rentre sur le salon une fois et une seule, toute sortie étant définitive. C’est une pratique assez incompréhensible de mon point de vue, mais je ne suis pas un grand féru des salons et il paraîtrait qu’elle est courante. Le bénéfice d’une entrée-sortie à volonté était accordé aux dépositaires du billet Citizen Pass, mais il courait sur les 2 jours. Bref, un découpage tarifaire un peu plus souple aurait été le bienvenu, tout comme informer le public des droits d’accès exacts auxquels ouvraient les différents billets.
Ce sont les deux principaux reproches que je ferai à cette manifestation. Pour le reste, je n’en retire que du positif (à l’exception de la crève que j’y ai chopé, mais bon, courant d’air, humidité et foule est le mélange idéal du bouillon de culture microbien. A moins de venir en combinaison spatiale, j’étais quasi-certain de choper une saloperie 😉 ). Rien ne m’a déçu. Et tout ce que j’ai pu voir, et du si peu que j’en ai vu, j’ai été satisfait. Et c’est une expérience que je réitererai volontier (la crève en moins). Donc partant pour l’année prochaine.
Je suis loin d’avoir fait le tour de ce que j’ai à dire sur Geekopolis. En cela, cet article marque le début d’une suite de parutions qui mettront le doigt sur un élément plus spécifique ayant retenu mon attention. Il y aura notamment beaucoup à dire sur les Web-séries et les films amateurs, un sujet qui me passionne pas mal depuis quelque temps d’autant que Geekopolis a élargi mon horizon sur le paysage web-audiovisuel français et j’ai vraiment beaucoup à partager là dessus. Je ferai une petite passe sur les éléments insolites de ma visite. Bref je me laisse quelques occasions de ressortir mes propres photos de l’évènement et d’en rassembler quelques-unes prise par des amis.
Geekopolis, c’est bon, mangez-en.
D'autres os à ronger
Tags: Cité, Comics, culture, Docteur Who, Geekopolis, H2G2, Identité culturelle, Imaginaire, Jeux de rôle, Jeux vidéo, MMORPG, Naheulbeuk, Noob, Romans, Star Trek, Star Wars
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