Je ne suis pas forcément fier de faire la critique de ce navet. Si Die Hard, même avec son quatrième opus, avait su me séduire de façon quasi-inconditionnelle (j’ai quand même préféré le 1 et le 3), je considère ce 5ième non seulement comme le plus mauvais Die Hard, mais aussi comme l’un des plus mauvais film de l’année… Oui alors comme on est au début de l’année civile, ça ne veut pas dire grand chose, aussi me contenterai-je de ces derniers 365 jours quand bien même je n’y aurai pas vu tant d’oeuvre cinématographique que ça. Je peux probablement étendre la durée de comparaison sur la décennie avec un peu d’efforts, mais bon, j’en ai vu des bouses en dix ans et je ne suis pas certain que celle-là soit la pire de toute. En revanche, sa chute dans mon estime est beaucoup plus grande compte-tenu du prestige de la licence.
Donc, pour faire simple, le seul et unique intérêt de ce film est de mettre en scène pour la cinquième fois le personnage plutôt attachant de John McLane joué par Bruce Willis (et qui ne peut clairement être joué que par lui). Seulement, la vacuité du contexte dans lequel il a été cette fois mis en scène montre à quel point les auteurs et le réalisateur de ce film ne savent clairement pas quoi raconter. En fait, voilà, ce film, c’est du vent, et en plus un vent mauvais. On notera d’abord une suite de péripéties beaucoup moins longue que d’habitude. Ici, John McLane se laissent entraîner dans une toute petite série de scène d’action bruyante, entrecoupée de scène d’un intérêt limité voire médiocre remplie de dialogues quasi-inexistant et d’un jeu d’acteur à la limite du pathétique. Le rythme, l’ambiance, n’ont rien à voir avec ce à quoi on est habitué, et même les scènes d’actions sont d’une construction et d’une utilité discutables en bien des points.
En fait, j’ai tellement été déçu par Die Hard 5, qu’il a fallu que je comprenne pourquoi. En faisant un tour d’horizon de ce qui compose une oeuvre cinématographique, on se rend rapidement compte du problème. La seule différence là, est qu’il généralement nécessaire d’être attentif pour voir les écueils. Ici, pas la peine. La nullité crève tellement l’écran qu’il faut se concentrer pour y suivre la narration et le récit, somme toute d’une banalité affligeante.
Scénario : l’accroche scénaristique n’est qu’un prétexte sans profondeur. La mise en situation particulièrement artificielle des personnages nous conduit à une intrigue extrêmement simple. Le concept des Die Hard est un tant soit peu respecté, puisque le modèle d’intrigue est éculé. Bref, c’est sans surprise, mais ce n’est pas là-dessus qu’on peut en vouloir à un Die Hard qui reste dans sa lignée. Si ce n’est ici que c’est un peu trop évident, à croire qu’on a peur que le spectateur ne comprenne pas l’intrigue et cette crainte n’est justifiée qu’à la condition que le dit spectateur soit un noeunoeud de première.
Personnages : le fiston adulte de John McLane, donc, Jack McLane (ils s’appellent comme ça depuis Piège de Cristal, donc c’est pas spécialement un manque d’originalité 😉 ), est celui qui lui donne la réplique. Ici le méchant s’efface grandement contrairement aux précédents opus où le méchant est ce qui donne l’essence d’un Die Hard. Dans les faits, on a deux méchants et deux sous-fifres, mais aucun n’a le moindre charisme, sans compte une personnalité particulièrement effacée. Bref, les personnages crées sont sans intérêts. Le film tente de sauver la face en appuyant sur la relation père-fils houleuse des deux principaux personnages mais c’est peine perdue. Le jeu de la relation est nul à chier. Pathétique est le mot clé.
Dialogues : heu… les dialoguistes ont ici rassemblés les mots-clés des phrases « genre » des quatre premiers Die Hard et nous les ont servi à toutes les sauces dans des contextes pas toujours heureux. Du moins, ça c’est pour le héros. Pour les autres personnages, c’est juste un désastre. La majorité des dialogues n’ont pour effet que de diminuer l’intérêt des personnages. Ils ne sont pas crédibles. C’est peut-être d’ailleurs pour ça que les personnages sont si mauvais, allez savoir.
Réalisation/Montage : je mets les deux ensemble considérant que la prise de vue et l’assemblage des rush est ce qui permet à un réalisateur de nous raconter l’histoire. Les scènes d’actions (pas que mais surtout elles) sont ici constituées de bout de scènes microscopique ne se suivant pas et s’enchaînant à très grande vitesse. Par exemple, une scène imposante (au moins 10 minutes) de poursuite en voiture semble avoir été filmée à coup de gros plan et prise de vue à environ 50 endroits différents dans autant de situation différentes, et assemblée pour former une séquence sans queue ni tête. Les notions même de continuité dans les mouvements et les décors, dans les situations, dans le positionnement des personnages et des véhicules, rien n’est respecté. On ne demande pas à un réalisateur de nous servir du plan séquence à tout bout de champ, mais il y a un minimum à respecter pour avoir une vue relativement limpide de l’ensemble. Si beaucoup de scènes sont rendus confuses par ce choix narratif (qui a déjà été employé mais avec un vrai succès dans la série des Bourne), elles rendent pratiquement toutes les scènes d’action illisibles. L’exception est donc la scène à peu près cohérente, donc loin d’être majoritairement présente dans le film.
Effets spéciaux : pas terrible. Réduit à faire des pan et des boum avec force flammes et fumées, les effets spéciaux sont parfois peu crédibles (surtout la scène de l’hélicoptère à la fin, qui souhaite nous offrir une sorte de bouquet final à couper le souffle et qui tombe à l’eau… sans jeu de mot 😉 ). On à l’impression d’être revenu 15 ans en arrière avec des incrustations d’images très mal fichue et des raccords parfois difficile au montage. Un peu comme si le film et ses effets spéciaux avaient été conçus par plein d’équipes différentes, chacune dans leur coin, et qu’on avait tenté d’assembler un truc plausible après… Ben non, c’est pas plausible, c’est pas crédible, c’est juste mauvais. Limite petit budget. Pour un soi-disant blockbuster, ça la fout mal.
Bande son : on se souvient d’un temps où les Die Hard s’enhardissaient de quelques morceaux à succès et d’une bande son honorable. La bande son de ce film, je ne l’ai même pas entendue. Donc elle ne m’a pas marqué. Difficile pour moi d’en parler dans ces conditions, mais son absence relative dans mon impression globale est un signe non ?
Casting : ben y’a Bruce Willis… Et puis… et puis j’en sais rien. Que des gens que je ne connais pas. Bref, peut-être un jour feront-ils (ou ont-ils fait) une apparition dans un autre navet ? Comme même Bruce Willis est à peine convaincant dans son rôle fétiche, pour les autres, c’est un peu une galère dans laquelle fallait pas aller.
Bon, j’ai fait le tour du gros oeuvre. Dans les détails (photographie, cadrage, etc.) je ne suis pas forcément assez calé pour avoir un avis. Mais disons que si l’ensemble ne tient pas debout, c’est déjà pour toutes les raisons citées. Finalement, Die Hard 5, c’est un titre pompeux associé à un acteur ultra connu, et c’est tout. L’on me demande parfois pourquoi je vais voir ces films si c’est pour en tirer « ça » ? Déjà d’une part parce que je ne peux pas savoir à l’avance si ça va être bon ou pas (les critiques, j’en ai un peu rien à faire, c’est de me faire ma propre idée qui compte), et d’autre part, le potentiel distractif d’un navet n’est pas en reste. On a tendance à négliger qu’il peut-être plaisant d’aller voir un mauvais film. Pourquoi ? Soit parce qu’on n’a pas vraiment l’impression de regarder un mauvais film si on se fiche de tout ce que je viens de dire, soit parce que ce qui est amusant est de voir à quel point certains peuvent être mauvais. Ça reste dans l’ensemble un critère assez subjectif, mais si l’objectivité existait, la vie serait triste.
Néanmoins, et parce que tout ours que je sois, je ne souhaite pas le malheur de mon prochain en ce sens qu’il est dommage de dépenser plus de 10€ pour cette bouse (même plus d’1€, c’est trop), je ne saurai trop conseiller à mon entourage de bien réfléchir aux critères qui leur font aimer ce genre de film avant d’y aller 🙂 . Et ne comptez pas le voir en « screener » avant sa sortie à la télé, les deux jeunes qui ont essayé de le filmer dans la même salle que moi se sont fait chopés et sortir par les flics. Non seulement, ils ont bêtement perdu leurs sous parce qu’ils n’ont pas vu le film en entier (remarquez, ils perdent pas grand chose), mais en plus, comme c’est un délit, ils risquent la prison… C’est très cher payé pour ce que ça valait 😉
D'autres os à ronger
Tags: Bruce Willis, Die Hard
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