C’est amusant de voir ce qu’un conte aussi connu et vibrant de simplicité peut devenir dans des mains expertes. Bon, bien sur, il y a eu Disney et son sirupeux classique animé, mais cette année nous avons eu deux émules : un il y a quelques mois, sobrement intitulé Blanche-Neige, à mi-lieu entre le classique aux rondes oreilles et la comédie de boulevard (un peu comme les 101 Dalmatiens en leur temps), et pas plus tard que la semaine dernière sortait « Blanche-Neige et le Chasseur », que j’ai vu le week-end dernier et dont je vais vous parler.
Cette énième version de Blanche-Neige a le mérite de mettre de côté les jolis contes de fée pour nous plonger dans un univers de dark-fantasy profonde (comme le dernier opus du Chaperon rouge) où tout n’est que sinistre ambition et mortelle conclusion. C’est bien simple, à part le début où tout va bien (pendant environ 3 minutes), et jusqu’à la fin, tout le monde fait la gueule et il y a de quoi. Ah non, mention spéciale aux nains, un peu d’humour à moins d’un mètre vingt dans ce monde de brute à un mètre quatre-vingt.
Côté histoire, y’a pas grand chose de nouveau. Si ce n’est qu’on n’a pas intitulé ce film Blanche-Neige et les Sept Nains parce que, d’une part, ils ne sont pas 7 mais 8 (remarquez, l’auteur a dû s’en rendre compte puisqu’il en zigouille un en cours de route), et d’autre part pour ne pas voler la vedette à Thor… heu… à Chris Hemsworth qui pour l’occasion endosse le rôle d’un… enfin comme d’habitude, c’est lui le héros qui fout sur la gueule aux méchants. Y’a bien une histoire de prince charmant en sous-main, mais la grosse surprise c’est… Ah bah non tiens, je vous le dis pas.
Mais reprenons l’idée, puisque le conte s’enrichit d’un début plus complet et d’une fin originale si l’on considère qu’on n’imaginait pas spécialement Blanche-Neige en armure avec une épée et un bouclier (je vous révèle rien, ça se voit dans la bande-annonce). Heureusement, l’histoire est grosso-modo respectée à quelques détails près, comme ce final de bataille envolé et ce con de chasseur. Côté personnage, la distribution est sympa. Chris Hemsworth fait un bon chasseur bourrin-bourré, un personnage qui est intéressant au départ et qui sombre dans le banal chevalier servant à la fin. Une reine belle, cruelle et terrible très réussie avec Charlize Theron, et une Kristen Stewart blanche-neigeuse qui s’en sort bien dans l’interprétation du personnage le plus mièvre et impersonnel qu’il m’ait été donné de voir. Ca ne la change pas beaucoup de Twillight, sauf que le décor n’a franchement rien à voir.
Le cinéma américain manque visiblement d’acteurs nains. Peut-être que les Warwick Davis et autre Peter Dinklage sont trop chers, pourtant le casting des nains n’a pas visé que des inconnus, mais absolument pas des nains. Par un système de doublure, de plans bien étudiés, et de raccord sans faille, il a visiblement été possible d’avoir quelques bonnes têtes et corps de nains cohérents sur la base d’acteur relativement connus abonnés aux rôles secondaires ou issues de séries. L’illusion est amusante, les acteurs plutôt bon quand on ne regarde que le visage, mais en étant pointilleux, on se rend compte que quelque chose n’est pas naturel sur les plans larges.
En dehors de ça, les décors sont plutôt réussis. De toute façon, il fallait au moins ça pour ne pas tomber dans la banalité. L’histoire est suffisamment différente de l’originale pour ne pas anticiper le déroulement des évènements, mais la narration souffre de quelques longueurs. Comme le film dure plus de 2h, on se demande s’ils n’ont pas inutilement rallongé la sauce. Du reste, l’utilité de certaines scènes est vraiment contestable. Il fut un temps où on sabrait les bons réalisateurs pour les faire entrer dans le format alors que les scènes coupées sont parfois vraiment manquantes, ici c’est l’inverse, le format du film a peut-être été mal choisi et je serai très étonné d’en voir sortir une version longue. Le fait que le film se soit plus apesantit sur l’image que sur les personnages s’en ressent d’ailleurs singulièrement dans la pauvreté des dialogues.
Néanmoins l’ensemble s’en sort honnorablement. Les musiques sont passe-partout. La réalisation pas irréprochable mais correcte. La mise en scène acceptable. Cela forme un divertissement agréable et bien fait, du bon travail, mais rien de mémorable. J’ai plus à dire sur l’histoire où la construction de celle-ci était un tremplin pour avoir un truc cohérent de bout en bout que certains choix scénaristiques fortement discutables ont sérieusement dégradés. Je pense qu’il est effectivement dommage de s’être servi du conte de fée pour excuser la légèreté des personnages, alors qu’il y avait matière à créer quelque chose de bien plus consistant. La tentative pour étoffer le côté humain de la reine est en ce sens plus risible que crédible. Mais bon, je ne me sens pas volé pour autant, donc ça va.
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Tags: Blanche-Neige, Charlize Theron, Chris Hemsworth, dark-fantasy, Imaginaire, Kristen Stewart
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