Voilà plus d’une demi-année que je n’avais pas acheté un jeu solo et plus particulièrement un hack’n slash et pas des moindres puisqu’il s’agit d’un concurrent direct de Diablo 3. Alors, déjà, j’avais acheté et fini Torchlight premier du nom. Un clone de Diablo qui a vu le jour durant la période de développement de Diablo 3 et qui a conquis son public à un moment où aucune concurrence sérieuse ne se trouvait sur le marché. Un jeu plutôt bon marché (de l’ordre de 15€ à l’époque), distribué uniquement en ligne (donc bon marché surtout grâce à des frais de distribution réduit), et d’une qualité excellente. Un jeu qui a rassemblé tous les ingrédients de Diablo pour les mettre à sa sauce et en faire un hit à part.
Bon, sur le plan intellectuel, on ne peut pas dire que ça brille. Torchlight et Diablo sont à mettre dans le panier des NBG (no brain game, ma catégorie personnelle des défouloirs qui vont surtout griller des neurones de motricité), mais disons que sur ces dernières années, il y a l’art et la manière de les présenter. D’un côté Blizzard, la grosse machine de combat dont le but édifiant figure dans une interview publique de son patron dont je n’arrive plus à retrouver la vidéo, mais qui annonce en substance que le but de Blizzard est de gagner du fric et d’imaginer des jeux qui feront cracher le plus d’argent à ces crétins décérébrés qui les achètent. De l’autre, un modeste éditeur, Runic Games, qui a fait sa notoriété sur la qualité et la facilité d’accès.
Comme je dispose et ai joué à ces deux titres (Diablo 3 et Torchlight 2), je parle donc en connaissance de cause mais avec un avis d’ours prononcé. A priori l’unique raison qui me fait préférer Torchlight 2 à Diablo 3 est le fait qu’il n’est pas estampillé Blizzard et n’impose pas de jouer en ligne. Oui, car ça, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le pompon il faut quand même reconnaître que Blizzard s’est posé là avec le premier jeu solo obligatoirement joué en ligne de toute l’histoire des jeux vidéo PC. Et il faut savoir que si d’aventure, les serveurs de Blizzard était arrêtés pour une raison ou un autre, Diablo 3 cesserait bêtement et simplement de fonctionner. Alors qu’après l’apocalypse qui verra la fin d’Internet et du réseau électrique, on pourra encore jouer à Torchlight 2 en branchant son PC sur un groupe électrogène, ce qui est quand même sacrément intelligent… pour un jeu solo.
Bon, en dehors de ce point, les deux jeux m’ont graphiquement déçu, mais pas pour les mêmes raisons. Diablo 3 était juste techniquement dépassé depuis 5 ans le jour où il est sorti, alors que Torchlight 2 se dote d’un moteur graphique impressionnant mais ne sait pas jouer sur la finesse des textures et nous offre une image caricaturale, épurée et cartoonesque de son univers. Bref, c’est pas avec ces jeux là qu’on va griller nos cartes graphiques. Toutefois, on sait ce genre d’approche économique relativement utile car les deux jeux animent un nombre impressionnant de personnages et d’effet graphique lorsque les zones se chargent de monstres en tout genre, et clairement, si les yeux n’arrivent pas à suivre, c’est bien parce que le jeu carbure.
Comparé à D3, T2 n’entre pas dans la même logique que Blizzard pour augmenter artificiellement la durée de vie. Dans D3, il faut finir le jeu dans un niveau de difficulté pour débloquer le suivant, et comme il y en a 4, ça oblige à faire le contenu du jeu au moins 3 fois ce qui est plutôt rébarbatif. Dans T2, le joueur choisit. Il dispose en outre de la même option que dans D3, à savoir le mode hardcore dans lequel la mort du personnage met fin définitivement à la partie. A part pour les tarés, ce défi n’intéresse personne (en tout cas il ne m’intéresse pas moi, de là à dire que tout ceux que ça intéresse sont des tarés, ce n’est qu’une formule d’ours 😉 ). T2 reste dans la même logique que son prédécesseur, en proposant les 3 archétypes de personnages d’origine (Berserk, Outlander, Embermage) et un quatrième, l’Ingénieur. Le personnage est accompagné d’un compagnon animal (un Pet), qui possède, comme dans Torchlight, la capacité de transporter de l’équipement et d’aller le vendre à la ville pendant que son maître poursuit l’aventure. Le Pet est en outre tout à fait capable de combattre et même de vaincre seul des monstres standards, ce qui n’en fait pas qu’un bête porte-monnaie vivant. Le skin du pet n’a d’importance que pour les yeux, car techniquement ça ne change rien.
Ensuite, si on entre dans le vif du sujet, on aura vite compris qu’il n’y a rien de novateur. La seule ambition de ce jeu est de nous faire traverser son scénario ultra-linéaire en bachant du monstre dans des décors variés et de préférence impressionnants. Si on prend le jeu en mode de difficulté très facile, ça manquera de piquant, car il n’y a clairement aucun challenge. Il y a quelques cutscenes pour illustrer la trame de l’histoire, mais je dois dire que le style dessin animé de mauvaise qualité est assez déplaisant à mes yeux. Sur le fond, rien de très original puisqu’on découvre qu’un Alchimiste prépare un mauvais coup, on lui coure après dans différent pays en apprenant qu’il s’apprête à faire un truc pas net avec le Coeur du méchant du premier Torchlight, Ordrak qui a été occis par nos soins. Bref, le scénario n’est qu’un prétexte.
Contrairement à son prédécesseur, T2 s’inspire davantage de Diablo 2 et 3 en faisant cette fois explorer de nombreux territoires et lieux cachés plutôt que les niveaux d’un bête donjon. C’est autrement plus attrayant et sympathique. Sur ce modèle, les cartes sont générées aléatoirement, si bien qu’on ne peut pas les apprendre par coeur pour refaire le jeu plus aisément. Cela étant, des marqueurs permettent de suivre avec facilité les objectifs de quête. Hormis la quête principale, T2 se dote aussi d’un grand nombre de quêtes secondaires que l’on trouve pendant notre voyage et qui nous sortent un peu de cette ligne droite perpétuelle. Par contre, elles sont à faire « de suite » sinon leur niveau de difficulté n’aurait plus d’intérêt étant donné qu’elle sont calibrées sur l’avancement du personnage.
Enfin, T2 suit encore une fois la logique de son prédécesseur en proposant pour chaque classe des arbres de talents. C’est bien plus riche et développé que dans Diablo 3, qui réduit à l’extrême les choix possibles sur les différentes classes. Dans T2, le choix d’une orientation ou d’une autre transforme le gameplay et l’itemisation de façon notable. Sans compter qu’au delà des seules techniques accordée par la classe et les talents, le personnage peut aussi apprendre des sorts, des compétences supplémentaire que l’on trouve dans le jeu au même titre que les objets. En parlant des objets on entre dans le même travers que D3 à ce niveau, à savoir la profusion d’objets aléatoires pas toujours très bien équilibré, mais contrairement à D3, la variété des stats proposées offrent toute un avantage à toutes les classes, si bien que l’utilisation d’un objet, à part ceux rigoureusement conçu pour ça, est souvent valable pour toutes les classes sans trop de problèmes. A ce stade de ma progression difficile de savoir s’il y a un « end-game » aussi prononcé que dans D3 avec une importance considérable sur les stats des objets afin de les optimiser. Il existe en outre quelques outils pour modifier/améliorer les objets, à savoir les chasses qui accueille des gemmes accordant des bonus et des enchantements aléatoires qui coûte de l’argent (du jeu) à réaliser, mais aussi à enlever si ceux qui sont produits ne nous plaisent pas. On peut aussi récupérer les gemmes en détruisant l’objet ou libérer les chasses d’un objet en détruisant les gemmes. Attention à ne pas mettre systématiquement ses meilleures gemmes les plus rares sur les meilleurs objets ! 🙂
Côté gameplay, c’est ultra basique. On peut jouer d’une seule main avec la souris aussi bien pour diriger le personnage (d’un clic & go classique dans les jeux du même genre) que pour taper (un clic & bash classique aussi), rester sur un même mob pour le frapper (maintenir le clic enfoncé) et activer des talents annexes (bouton droit de la souris ou clic dans une barre de raccourcis pour les potions, les sorts et les talents). Tout cela étant paramétrable. Il devient nécessaire d’utiliser sa seconde main pour maintenir « control » enfoncé pendant les clics afin d’attaquer à distance, ce qui sera nécessaire avec le gameplay de l’Outlander et l’Embermage qui sont plus fragile au contact et de fait, un peu plus technique à jouer. On peut aussi garder la main sur le clavier pour activer les raccourcis de la barre de cette façon, ça permet de garder la souris uniquement pour se déplacer et taper. Bref, tout est possible, donc ça vaut à peine le coup d’en parler 😉
Soulignons que T2 évolue aussi vers le multijoueur, comme Diablo 2 et 3, mais il ne s’enferme pas dans la même logique de gestion. On peut démarrer une partie jusqu’à 6 joueurs et la difficulté s’accroît en conséquence. A noter que le concept a été étudié de façon plus approfondie dans le sens où la puissance des adversaires varie en fonction de la proximité des alliés (et non uniquement leur présence dans la partie comme dans D3). Un allié trop éloigné (genre, parti vider son sac en ville) sera considéré comme absent du combat que vous menez. Les récompenses sont aussi calibrées en fonction de la puissance effective de ces montres, et sont donc rapidement plus intéressantes à mesure qu’on est nombreux.
Dans l’ensemble et pour son coût, sur lequel jamais un grippe-sous violeur de vache-à-lait comme Blizzard ne pourrait s’aligner, Torchlight II dispose d’un rapport qualité/prix au delà de tout éloge. C’est simple, bourrin, riche, complet, et sacrément défoulatoire. Si on n’est pas à cheval sur le scénario, et désireux d’entrer quelques heures dans une no-brain attitude plus que salvatrice, c’est le jeu qu’il vous faut 🙂
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Tags: Blizzard, Diablo, Runic Games, Torchlight
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