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19
Nov

Looper

   Ecrit par : Wiz   in Cinéma

Je vais vous épargner toutes les blagues faciles et archi-usées basées sur un jeu de mot bien franchouillard en relation avec la prononciation du titre du film. Ceci, dans un premier temps, pour éviter de plagier un nombre incalculable de mes collègues blogueurs, et dans un second temps pour faire preuve d’une certaine originalité dans ma critique. Même si, dans le fond, Looper est un louper monumental, il me reste quand même assez de matière pour en sortir un peu de positif.

Avant d’aborder tout de suite ce qui fâche, je vais d’ailleurs en parler un peu. Personnellement, j’ai trouvé la distribution efficace, la narration correcte, la photographie intéressante, la réalisation potable et la musique… bizarre. Je dis franchement qu’on peut faire un film avec ça. A condition de ne pas lamentablement se planter sur le reste. Hélas, Looper est vraiment loupé de ce point de vue. En fait, quel est concrètement le problème ? Le temps.

Dans la science fiction, il existe quelques voies toutes tracées pour résoudre le cas de figure du voyage dans le temps, soumis inévitablement à l’impitoyable paradoxe temporel. Le grand classique du genre c’est, je remonte le temps et je tue accidentellement mon père avant ma naissance, donc je n’existe pas, donc je ne peux pas remonter le temps pour tuer mon père, et paf, paradoxe toi la tronche avec ça, sans lubrifiant ! La science ne permet absolument pas de répondre à une telle question, puisque, scientifiquement, nous sommes incapables de remonter le temps. Cela n’est-il qu’une vue de l’esprit ou cela sera-t-il possible un jour ? Les auteurs de science-fiction ou de fantasy aiment à croire en la seconde hypothèse. J’en fais partie, et j’en ai déjà usé. Le voyage dans le temps est un ressort narratif sinon l’assise de toute une intrigue et en même temps la fragilise énormément à cause de ce fameux paradoxe, sachant qu’il y a deux écoles : 1 – le paradoxe est possible et le fait qu’il survienne engendre des dégâts à la trame du continuum espace-temps provoquant les pires cataclysmes, ou bien, 2 – le paradoxe est impossible et les évènements qui intègre un risque de paradoxe temporel s’enchaînent de telle sorte à ce que le paradoxe soit évité ce qui confine souvent le récit à de la pré-destination. Généralement, un auteur choisit l’une ou l’autre voie et justifie toujours dans un cas ou dans l’autre, de la meilleure façon d’éviter le paradoxe. C’est à dire que même dans le cas où le paradoxe peut survenir, l’intrigue a généralement pour but d’éviter que cela arrive.

La fameuse scène de la souche. Un élément absolument sans intérêt du récit sur lequel on passera environ 5 minutes en 2 scènes. Ah cette souche...

Revenons-en à Looper. Si je vous parle de voyage dans le temps, c’est bien parce que ce film a bâti son scénario sur ce concept. Mais le scénario est le plus absurde et débile qui soit en la matière. Pourquoi ça ? Parce qu’on nous explique dès le début que 30 ans dans le futur, les mafieux n’ont pas les moyens de faire disparaître les corps de ceux qui dérangent leurs affaires, donc ils ont décidé d’utiliser une technologie de voyage dans le temps pour les envoyer dans le passé et les faire tuer par les « Loopers », des mecs qui reçoivent le type vivant et la paye pour le boulot sous forme de lingots d’argent accroché dans le dos de celui-ci. Le looper se contente donc de tirer sur un gars (jamais de femme) bâillonné et cagoulé, à genou les mains attachées dans le dos, de récupérer le paiement sur le dos de la viande refroidie, d’emballer le corps et d’aller le brûler dans une chaudière, puis d’aller se droguer en attendant le contrat suivant.

Et dès que l’on sait ça, commence la valse des questions sans réponses et des paradoxes temporels en veux-tu en voilà. Et le film s’acharne ensuite à nous déballer une histoire éminemment paradoxale puisque sa conclusion est un paradoxe non résolu. On est alors en droit de se dire que c’est voulu et c’est là que le bât blesse. Quand une partie de la narration s’échine également à nous montrer que le paradoxe est géré par quelques exemples qui participent à le démontrer, la conclusion est une monumentale tricherie qui se gausse de tout ce qui a été dit auparavant (qui déjà n’est pas exempt de paradoxes non résolus, mais moins visibles, car ne reposant que sur le questionnement du spectateur).

Il en découle un scénario totalement improbable, une histoire complètement bancale, et une intrigue des plus farfelues, et paf, nous voilà tombé dans le film passable à vaguement minable en un coup de cuillère à pot. Le paradoxe temporel, c’est la marotte de l’amateur de SF (de fantasy un peu moins, car ça y est moins fréquemment utilisé), dans le sens où on attend l’auteur au tournant, où l’on attend qu’il se plante, parce que c’est chiadé. Et l’on est véritablement bluffé que lorsque l’on ne voit pas la faille, que l’on arrive à nous faire avaler le truc tout schuss parce que ça a sacrément été bien pensé. Looper n’a même pas réussi à passer le premier virage, ça se casse la gueule dès les premières minutes et rien dans ce qui est amené ne parvient à rattraper le coup.

A gauche, Joe. A droite, Joe. Le même, avec 30 ans d'écart et une vie remplie de conneries diverses et variées.

Il ne reste donc, au-delà de cette histoire sans queue ni tête, qu’un jeu d’acteur sympa sans être totalement crédible. Un Joseph Gordon-Levitt a une telle présence à l’écran que lui faire incarner un type flegmatique n’était pas la meilleure chose à faire. On ne peut pas dire que Bruce Willis ait été mieux employé dans ce rôle de gentil-méchant ou de méchant-gentil qui offre un contraste de personnalité intéressant à son alter-égo passé sans avoir été vraiment développé. Emily Blunt s’en tire presque mieux que ces 2 crèves-l’écran. Reste le petit garçon qui m’a singulièrement impressionné. Les second rôles vont de très réussi à très désopilant. L’élément comique de l’histoire a d’ailleurs été une bonne distraction. Mais bon, tout cela est loin de constituer le seul intérêt d’un film, et s’il m’est arrivé de voir des histoires bancales, elles arrivaient parfois à se rattraper sur différents plans parvenant à mettre l’histoire de côté. Dans Looper, on ne peut pas passer à côté de l’histoire pour narrer la chose. Mais vu qu’elle s’est embourbée dès le début, ça n’est vraiment pas possible.

C’est sûr que vu sous cet angle, on peut penser qu’un film ou qu’un roman traitant du voyage dans le temps ne peut pas trouver grâce à mes yeux. Ils comportent tous une faille si on y cherche bien. Mais allez-y pour en trouver une dans Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban ? Ou dans Terminator (le premier hein ! ) ? Non, Looper c’est du patatra direct et sans sommation. Dommage.

Pour le reste, la toile de fond de Looper, c’est le grand banditisme. Ça se passe dans les bas fond et le contexte mondial d’une civilisation qui s’avance vers la découverte du voyage temporel pour le laisser à l’usage (illégal bien sûr) de la mafia n’est même pas survolé. Le film se concentre sur cette histoire absurde et très intimiste, en déroule doctement les rouages et tente vainement de faire passer ça pour du génie. Moi je jetterai bien le scénariste au bûcher pour hérésie 🙂 . Bref, malgré les rares bonnes choses qui étayaient un peu le concept, Looper est une merde.

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Cet article a été publié le lundi 19 novembre 2012 à 17:34 et est classé dans Cinéma. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

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