Warning: count(): Parameter must be an array or an object that implements Countable in /home/users7/l/lendraste/www/caverne/wp-includes/post-template.php on line 317

Warning: count(): Parameter must be an array or an object that implements Countable in /home/users7/l/lendraste/www/caverne/wp-includes/post-template.php on line 317
29
Nov

Légende secrète – Chapitre 2

   Ecrit par : Wiz   in L'Ours, Romans

Légende secrète

Osbek Slaar et ses trois compagnons ont quitté Sekereth sans guide malgré les conseils de Josef Garmon, un chef du village au comportement étrange. Au milieu du plateau de Loskal, perdus dans la brume, ils cherchent à rallier le col qui leur permettra d’atteindre le territoire dudin. Lors d’une joute verbale entre eux, ils subissent une mystérieuse attaque visiblement pas destinée à les blesser. Après avoir cherché l’auteur de cette plaisanterie sans succès, ils se remettent en route et perçoivent une présence devant eux.

Voir aussi :

Chapitre 2, Promenade blanche

Comment avait-il pu se laisser convaincre d’accepter l’aide de cet individu taciturne ? Osbek n’en revenait pas d’avoir été ainsi manipulé. L’âge aurait normalement eu tendance à le rendre de plus en plus inflexible, mais au lieu de ça, il avait l’impression d’être devenu trop coulant. Ou bien, était-ce une excuse discutable offerte par le comportement du marquis qui lui donnait l’occasion de se décharger d’une part de sa responsabilité ? Toujours est-il qu’à présent, l’escorteur n’était plus le guide officiel de la troupe. Après avoir inopinément croisé Getro Horace, le fameux personnage aux qualités tant vantées par le chef de Sekereth, ce dernier ayant par hasard apporté aux voyageurs des raquettes pour leur permettre de progresser plus aisément sur ce terrain, cet homme massif avait, en quelques mots, convaincu le faible Lofen de le suivre pour être guidé jusqu’au col et au-delà en toute sécurité. Comme il n’avait, en outre, exigé aucune contrepartie, et ensuite démontré à son client qu’il connaissait bien mieux la région que l’impérial Slaar, il n’avait eu aucun mal à convaincre le nobliau de lui faire confiance.

Le vieux baroudeur n’était pas le seul drapé dans son manteau de méfiance. Ses deux acolytes avaient également tiqué sur l’opportunisme du nouveau venu. Aussi grand qu’Ambrose, mais peut-être un peu plus large que le mercenaire, Getro était un montagnard en puissance. Brun à la pilosité aussi abondante que désordonnée, il faisait plutôt grise mine. S’il s’était déplacé seul dans la capitale de l’Empire, on eut probablement changé de trottoir en l’apercevant. Ses yeux d’un bleu intense ressortaient très nettement dans ce visage disparaissant sous barbe, moustache, favoris et mèches frontales fournis. Sa tenue, très locale et caractéristique des trappeurs habitués à confectionner eux-mêmes pantalons, bottes et manteaux, était constituée d’un assemblage de fourrures diverses. Il était probablement mieux équipé que les impériaux de passage, mais sa mise ne passait pas inaperçue, excepté le fait qu’il vivait de toute façon dans une région relativement déserte.

Ce qui était opportuniste et fort à propos dans son intervention était le fait qu’il ait apporté avec lui au moins quatre paires de raquettes en plus des siennes propre. Bien sûr, c’est connu, tout guide de montagne est susceptible de rencontrer à tout moment un certain nombre de voyageurs dépourvus de cet outillage. Une ironie qui n’échappait qu’à Lofen, trop heureux d’être rassuré aussi bien par le fait d’avoir à moins peiner pour progresser que par l’idée d’être mené à bon port en empruntant le meilleur chemin.

Ainsi Getro avait-il pris les rênes, naturellement devenu guide de sa seigneurie, pour le mener vers le col, suivant une direction légèrement différente de celle empruntée jusqu’à présent.

– Patron, je n’aime pas bien ce bonhomme, chuchota Danaïade à Osbek.

Celle-là reconnaissait l’autorité de l’escorteur impérial quand ça l’arrangeait. Il était probable que le temps que leur ferait gagner le chasseur était autant de sous auxquels elle ne pourrait pas prétendre, l’épisode de la fausse attaque ayant empêché la jeune femme de négocier les ajustements qu’elle n’avait pas manqué d’envisager quelques heures plus tôt. Néanmoins, Osbek était peu enclin à engager la conversation même sur la base d’un consensus aussi rare qu’important concernant la bizarrerie de la situation. Il se contenta de hocher la tête et de montrer le dos de Getro de la main avant de désigner sa propre oreille pour signifier à la mercenaire que ce n’était pas le moment adéquat pour tenir conseil. Elle opina du chef sans toutefois manquer de faire la moue, une attitude qui était maintenant considérée comme fréquente par l’escorteur Slaar.

Si l’impérial avait, de mauvaise grâce, accepté de satisfaire le marquis en obéissant à son injonction de suivre leur nouveau guide, il ne comptait pas négliger pour autant sa prérogative principale : protéger le marquis d’Ascret. Ce dernier ne faisait que lui rendre la tâche un peu plus compliquée, mais il aurait été bien présomptueux de penser que le chemin sur lequel il avait pris l’initiative de s’engager ne recélait pas le moindre danger.

Le temps s’écoulait lentement sur le plateau de Loskal maintenant battu par un vent pénétrant et glacé qui avait toutefois la vertu de dissiper le brouillard. Les tenues prévues pour le voyage suffisaient pour le moment à supporter la baisse de température, mais la neige s’accumulait dangereusement sur les chausses et il faudrait songer assez vite à se mettre au sec. Bien qu’il se soit écoulé, sans le moindre échange, plusieurs heures d’une marche en raquettes rythmée par le souffle de plus en plus maladroit du noble, la joie de vivre d’Ambrose n’avait pas baissé d’un iota. Elle se manifestait par de réguliers sifflotements et chansonnettes tels qu’il avait déjà accoutumé ses compagnons, et le froid ne semblait pas en mesure de l’arrêter. Il déchanterait probablement le soir même, au sens propre comme au figuré, en souffrant des gerçures de ses lèvres bien trop exposées.

A peine une heure avant la fin du jour, la visibilité était assez bonne et l’on voyait le bout du plateau et le pied des premiers contreforts montagneux qui formaient cette barrière naturelle que seul le col de Loskal permettait de franchir. Il n’existait pas d’autres passages connu vers le royaume dudin dans cette partie d’Almera. Le continent était gigantesque. Cerné de toutes parts par un grand océan, on connaissait d’autres contrées au-delà, mais trop lointaines pour espérer y fonder une communauté qui restât sous le contrôle impérial, raison pour laquelle les humains, déjà fortement répandus sur Almera, avait concentré leur population dans les régions centrales de l’Empire d’Asten, légèrement excentrées vers le nord. A l’est et au sud, sur des frontières marquées par l’empire, les royaumes elfin et dudin occupaient le reste des terres. Le territoire dudin était relativement inexploitable pour les humains qui avaient des difficultés à supporter le mode de vie de ces petits êtres massifs qui vivaient essentiellement sous la terre. Quant au royaume elfin, sorte de démonstration vivante de la sauvagerie de la nature, il eut sans doute donné de magnifiques terres arables, à condition de passer des dizaines d’années en défrichage, une entreprise particulièrement colossale et probablement inimaginable pour les autochtones.

Ces dernières années, les relations entre les différents peuples d’Almera s’étaient tendues. L’Empire d’Asten entrait dans une phase de surpopulation qui poussait les humains à chercher des moyens d’y survivre. Dans le coeur industrialisé de l’Empire, la pauvreté avait crû de manière inquiétante, et cela avait rétréci la pyramide des classes sociales à son sommet. Cherchant des solutions pour éviter une dislocation brutale du pouvoir face à une masse de plus en plus effrayante de gens dans le besoin, la recherche de nouvelles terres cultivables était devenue le fer de lance de l’Etat impérial. Une telle volonté pouvait fort bien se traduire en visées expansionnistes, ce qui inquiétait les peuples voisins. L’Empereur Torkan VII n’était pas quelqu’un de vindicatif. En aucun cas il ne se serait lancé dans une guerre, même si quelques éminences grises dans son entourage avait commis l’outrage de le lui suggérer. Ca n’était pas dénué de sens si l’on admettait que les pertes d’une guerre autant que les conquêtes permettaient de souffler durant encore quelques générations avant d’être confronté à nouveau à la problématique. Si ce n’est qu’il s’agissait là d’un pur calcul mathématique mesurant le coût humain d’un agrandissement des surfaces arables pour retrouver un équilibre démographique, un calcul faisant fi de toute morale et dénué du moindre sens de l’honneur.

Mais s’il existait ou non toute une tranche de la noblesse prête à embraser Almera pour quelques lopins de terre cultivables, quand bien même elle n’avait aucunement voix au chapitre, ces rumeurs inquiétaient naturellement les autres peuplades du continent. Assez pour qu’il faille aller les rassurer sur la politique ferme et non négociable de Torkan le Septième. C’est précisément dans ce but que ce piailleur de marquis d’Ascret s’était vu confié la mission d’aller parler à la cour du Roi Urkass du Royaume dudin. Ah oui, il était de taille à endormir la moindre méfiance, sans aucun doute. Si le souverain local ne le renvoyait pas directement à l’envoyeur avec un organe en moins, Lofen pouvait fort bien finir de convaincre son hôte du peu de crédit à accorder à l’Empire. Quant à savoir si le jeune noble avait précisément été choisi pour cette raison, il fallait qu’elle soit d’Etat pour ne pas le dire à haute voix. Malgré tout, ce qu’Osbek avait le plus à craindre n’était pas l’incompétence diplomatique du nobliau, mais l’idée que la vie de ce dernier soit menacée par un quelconque complot visant à transformer une visite de courtoisie de voisinage en un assassinat politique propre à déclencher un conflit souhaité dans l’ombre de la cour impériale. Si tel était le cas, Lofen n’avait rien à craindre immédiatement, mais tout à craindre une fois la frontière franchie. Que ceci n’ait même pas effleuré l’esprit du marquis dépassait l’escorteur.

Au-delà de la méfiance naturelle qu’inspirait à ses collègues en arme l’inopinée intervention du chasseur de Sekereth, le guide impérial était en droit de croire que ce dernier pouvait être, avec le chef du village, au service d’une organisation dont le but était de se débarrasser de l’indésirable de la façon la plus diplomatiquement incorrecte possible. Si toutefois c’était le cas, et s’il y avait la moindre chance que Lofen soit victime d’un acte politique sous peu, la méthode employée échappait totalement à Osbek. Certes, le rude Getro pouvait conduire la troupe vers une embuscade, mais si un tel assassinat était d’une telle importance pour les ennemis de l’Empire, pourquoi se seraient-ils contenter de laisser deux clampins à Sekereth juste pour les regarder passer ? Pourquoi à présent Getro tenterait-il de les guider en les caressant dans le sens du poil ? Il eut été tellement plus facile de louer les services d’une vingtaine de soudards et d’attaquer les voyageurs sans sommation pour capturer le noble. A tout moment, où dès que la base du col serait atteinte, il n’était pas difficile de fausser compagnie au montagnard. Il avait beau être costaud, son arc et sa hache ne faisaient pas le poids face à trois soldats bien entraînés.

– Allons vers ces rochers !, s’exclama soudain le sujet principal des pensées d’Osbek en le sortant de sa rêverie.
– Cela nous éloigne de la route, contesta l’impérial.
– Il y a un abri. Nous devons nous sécher et y rester cette nuit, expliqua le guide. Une nouvelle tempête va souffler. Il vaut mieux nous en préserver au maximum avant d’attaquer le col.

Osbek hocha la tête, mais seuls les mercenaires s’intéressèrent à son approbation. Getro avait déjà obliqué vers le soi-disant abri et Lofen était sur ses talons, bien trop heureux de pouvoir bientôt se reposer. Sans un mot de plus, ni la moindre expression lyrique d’Ambrose, la troupe arpentait le pied du massif une heure plus tard. La nuit tombait et le vent soufflait de plus en plus fort, soulevant la surface de la chape de blancheur pour l’envoyer à la figure des marcheurs sous la forme d’une poussière blanche piquante. Le rude montagnard ne peina pas à retrouver ce qu’il cherchait à moitié enfoui sous la neige et ce d’une façon assez impressionnante même pour Osbek qui en avait vu d’autre. Ainsi, ce petit monde pénétra dans une grotte dont l’ouverture avait été aménagée pour éviter que la neige ne s’y engouffre. Les lieux étaient petits. A cinq, l’on pouvait à peine se tenir debout autour d’un foyer central nettement délimité. Une cheminée naturelle permettait l’évacuation des fumées éventuelles et le sifflement du vent qui s’engouffrait dedans indiquait que la neige ou la glace n’en bloquait pas l’autre bout. Le peu de lumière qui pénétrait dans cette minuscule cavité permit d’y voir, dans un coin, un petit stock de bois recouvert d’une bâche en cuir. Alors que les voyageurs se tassaient à l’intérieur, Getro dégageait le tas et prenait quelques rondins pour les tendre à quelqu’un derrière lui. Lofen avait singulièrement esquivé la tâche physique, si bien que c’est Ambrose qui réceptionna les morceaux et commença à les placer dans le foyer.

– Ca sera un peu juste pour faire sécher nos affaires, commenta Osbek encore sur le seuil.
– Ne vous en faites pas pour ça, se contenta de rétorquer le chasseur.

Sceptique, l’impérial attendit patiemment que les choses se mettent en place, observant distraitement un marquis grelottant se recroqueviller dans une anfractuosité de la salle.

– Ce qui ne vous empêche pas de vous rendre utile, ajouta soudain Getro tout en continuant son manège avec le mercenaire. Commencez à monter un mur de neige tassé à l’entrée. Il doit en recouvrir presque tout l’accès.

Osbek se débarrassa du gros de son attirail et s’exécuta sans poser de question. Il savait exactement ce qu’on attendait de lui. Dans le même temps, Danaïade sortit de quoi faire du feu, une mèche, un peu d’huile et un briquet, avisa un autre tas, de petites brindilles cette fois, dont elle glissa des échantillons dans le foyer. En même temps que ce dernier finissait de prendre forme, la jeune femme alluma sa mèche et le feu jaillit presque de l’assemblage plus ou moins conique.

– Enlevez vos chausses, ordonna ensuite le montagnard.

L’instruction était claire et l’objectif des plus évidents. S’ils devaient sécher principalement le bas de leurs vêtements, ceux-ci sécheraient mieux suspendus au dessus du feu. La lumière de ce dernier éclairait même les occupants sur la manière dont ils pourraient le faire, puisqu’on pouvait voir plusieurs fines perches coincées horizontalement et parallèlement les unes aux autres à environ deux mètres trente de hauteur entre les pans de la paroi. C’était parfait pour y suspendre les chausses et il y avait bien assez de place pour une dizaine de pièces vestimentaires. Malgré la logique de la demande, seul Ambrose s’exécuta. Le Marquis n’était pas du genre à se laisser ainsi déshabillé devant tout le monde bien qu’il ait pu pavoiser en petite tenue dans bien des fêtes trop arrosées de la capitale, et Danaïade, toute rude mercenaire qu’elle était, appréhendait de montrer ses jambes.

– Ne discutez pas !, gronda Osbek qui s’était retourné un instant pour voir la réaction de ses compagnons.

Sans un mot de plus, il poursuivit son ouvrage désormais bien avancé. La température grimpait en flèche dans le petit réduit. La petitesse permettait déjà de concentrer singulièrement la chaleur humaine, et le feu maintenant ronflant diffusait largement son énergie calorifère. Ambrose suspendit son pantalon aux perches pas directement au dessus du feu, mais pas non plus au dessus de lui, de telle sorte que ce qui en dégoutterait tombe sur le bord du foyer. Imitant le mercenaire, le marquis fit de même, tout en ronchonnant. Danaïade ne s’exécuta qu’en dernier non sans avoir récupéré dans son sac au préalable une couverture pour se couvrir. Son collègue ne manqua toutefois pas l’occasion de lorgner sur la chair exposée un trop bref instant à son goût. Osbek se défit à son tour de ses chausses dès qu’il eut terminé sa tâche. Il pensait avoir réussi assez bien ce qu’on lui demandait, mais le chasseur échangea sa place avec lui pour contrôler le résultat et fignoler l’ouvrage. Avec la chaleur croissante à l’intérieur de l’abri, la surface de la neige tassée avait déjà fondu et regelé en partie pour former une coque de glace. Il ne restait en haut qu’un tout petit soupirail par lequel l’air circulait, permettant ainsi un bon tirage de la cheminée naturelle dans laquelle ils se trouvaient.

– Vous entretenez régulièrement ce genre d’abri ?, demanda Lofen distraitement sans véritablement regarder leur guide.
– C’est une question de survie en hiver, admit Getro. Il existe une petite dizaine de ces abris dans la montagne. Nous en avons la charge à Sekereth.

Le montagnard ôta son pantalon de peaux et le suspendit comme les autres tout en discutant. Osbek s’adressa à lui en prenant place près du feu :

– J’aime autant vous le dire, je n’ai aucune confiance en vous. Si vous ne connaissiez pas ces abris, nous aurions refusé votre aide.
– Oui, je comprends que mon arrivée fort à propos et mon aide ait pu vous paraître un peu opportune sinon étrange. Mais c’est Josef qui a insisté pour que je vous retrouve. Il est très soucieux de procurer aux gens du voyage le meilleur service possible et vous voir partir pour le col dans ces conditions l’a visiblement beaucoup perturbé.

Du blabla que tout ça selon l’impérial. Car le rude bonhomme faisait montre de manières et de civilité qui juraient avec son apparence de façon étonnante. Non seulement ça, son langage était châtié et n’avait rien à voir avec le phrasé provincial habituel. L’impérial n’aurait pas été surpris qu’il fut parfaitement lettré. Il n’y avait que son apparence brute et forgée par l’environnement pour attester de son origine, à moins qu’il ne s’agisse d’un savant déguisement. A première vue, si c’en était un, il était parfait et pouvait fort bien avoir été créé par magie. Danaïade était familière des usages des arcanes, l’une des rares qualités qui avait convaincu l’escorteur de l’engager. Mais Osbek ne pouvait pas lui demander ouvertement de vérifier ses doutes.

– Hé bien, vous lui transmettrez tous mes remerciements pour cette attention, déclara sincèrement le noble.

« Quel abruti ! », se dit Osbek. A voir les regards soucieux de Danaïade et Ambrose, il ne devait pas être le seul à l’avoir pensé. Getro émit un vague grognement en guise de réponse. Ce n’était pas la première fois qu’il coupait court à un échange de cette façon, comme si, en dehors de quelques phrases bien préparées, le montagnard n’avait absolument rien à leur dire. La superficialité de l’homme n’en était que plus marquée et suscitait d’autant plus de suspicions.

A présent chacun s’affairait plus ou moins à rassembler de quoi manger. D’autres vêtements tombèrent peu à peu, notamment les chaudes vestes qui étouffaient les occupants de l’abri compte tenu de la chaleur qu’il y faisait. Le guide conseilla de les garder à portée, car la température recommencerait à baisser dès que le feu ne serait plus alimenté, ce qui serait forcément le cas compte tenu de la faible réserve de bois visiblement prévue pour un simple séjour. Getro ne comptait visiblement pas veiller. Quelques silencieux échanges entre l’escorteur et ses mercenaires avait permis d’établir un tour de garde informel. Pour Osbek, hors de question de dormir sur ses deux oreilles. Le marquis n’avait absolument rien perçu de tout cela, car il dormait déjà à ce moment, à peine sa ration avalée.

– Je connais quelques histoires sur la région si cela vous intéresse, proposa soudainement le chasseur alors que tout le monde se mettait en place pour la nuit.
– Cela m’intéresse fortement, répondit Ambrose sans réfléchir.
– Un autre jour !, trancha Osbek. Tout le monde a besoin de repos.

Le mercenaire ne contesta pas. Il afficha une mine réellement déçue mais n’ajouta rien, pas plus que Getro dont l’énigmatique attitude ne permettait pas de comprendre pourquoi il venait de parler de ça si abruptement. Décidément, cette affaire était de plus en plus curieuse et le vieil escorteur se demandait de quelle façon il allait bien pouvoir la gérer.

Tags: , ,

Cet article a été publié le jeudi 29 novembre 2012 à 17:01 et est classé dans L'Ours, Romans. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

Laisser une réponse

Nom (*)
Courriel (ne sera pas publié) (*)
Site
Commentaire

Slider by webdesign