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Mai

Crowdfunding par l’exemple Noob

   Ecrit par : Wiz   in Cinéma, Divers, L'Ours

noob_1Le crowdfunding : Derrière cet anglicisme largement utilisé dans la langue française depuis quelques mois (années ?), se trouve un concept qui aurait pu naître n’importe où. Dans la langue de Molière on l’appelle le « financement participatif », mais la traduction littérale de crowdfunding est « financement des foules » ou « financement des spectateurs ». En l’occurrence, il trouve aisément sa place dans le domaine de l’audiovisuel, de la littérature, du jeux de rôle et du jeux vidéo, à tel point que les projets de financement par ce biais fleurissent maintenant au travers de plates-formes dédiées à ce principe et s’étendent à de nombreux autres types de développement. On parle là de structure européenne comme Ulule ou trans-atlantique comme My Major Company.

Il y a peu, je faisais un article sur Noob, une web-série dont l’univers cross-média s’exprime non seulement par le biais de vidéos gratuites sur internet, mais aussi par le romans, la BD et le jeu vidéo (c’est du moins sur ce dernier qu’il souhaite se développer actuellement). A ce propos, je faisais mention de Ulule pour le financement de ce type de projet, étant donné que la société de production (Olydri Studio) fait appel à sa communauté pour le financer dans un cadre de dons participatifs privés et considérant qu’il avait de meilleures chance d’y voir le jour sur une plate-forme publique. Je ne saurai dire si mon message était ou non prémonitoire, car quelques temps plus tard, le projet « Noob, le film » faisait son apparition sur Ulule, une apparition fracassante.

Quand on parle de projet à financement participatif, il faut bien comprendre que c’est un investissement risqué pour un contributeur, principalement si celui qui présente le projet est un parfait inconnu. En fait le principe même de ce genre de financement est de permettre à un inconnu d’obtenir des fonds et de produire quelque chose, mais le système est gangrené par les arnaqueurs et l’on conseille plus souvent d’investir pour des projets dont on connaît parfaitement les auteurs plutôt que pour des personnes obscures et des projets douteux. Pourtant, ça marche. Beaucoup d’œuvres voient le jour par ce biais. C’est vrai qu’il s’agit plus souvent de petites réalisations de niche, généralement financées par ceux que ça intéressent, et touchant peu le grand public. A ce titre je vous conseille cette petite conférence parlant de crowdfunding dans le jeu de rôle qui a été présentée lors du JDR’idée de l’Orc’Idée 2013.

Donc je disais que ça touchait peu le grand public à moins de faire le buzz. Et là, c’est jackpot. Et c’est Noob qui emporte la palme du buzz crowdfunding sur Ulule en battant des records de dons jamais atteint (chez Ulule en tout cas) et ce en un temps record. Ainsi, pour une souscription ouverte sur 70 jours n’ayant pas encore atteint le quart de son temps, le projet a dépassé 8 fois sa valeur cible. Pour parler plus concrètement, Noob le film se serait contenté de 35000 euros pour sortir, et il a dépassé 280000 euros à l’heure où j’écris ces mots… Et il reste 54 jours de souscription.

Au départ, ce succès est avant tout lié à une communauté très importante construite sur la durée. La web-série Noob a fait ses premiers pas en 2009, et s’est forgé un groupe conséquent de fans. L’univers de Noob s’est enrichi sur des médias comme les romans ou la bande-dessinée. De quoi toucher un nombre encore plus grand de personnes. Au final, la web-série n’est que la partie émergée de l’iceberg, une sorte d’écran publicitaire et fer de lance à la fois de tout ce qui constitue son univers. Et si la raisonnable souscription de départ demandée via Ulule a été dépassée au point d’en faire perdre la tête et de propulser le sujet sur les médias publiques, Fabien Fournier, quant à lui, garde la tête froide. Il a fait évoluer sa souscription avec le succès de celle-ci, créant des paliers de plus en plus haut, prometteurs de plus en plus de contenu.

Le succès de ce projet sur Ulule est déjà remarquable en soi. Mais il y a un message caché derrière celui-ci. Un message qu’il me plaît de décrypter et de rendre clair. Fabien Fournier le dit lui-même au travers des différentes interviews et vidéos de suivi qu’il réalise et publie sur Ulule, l’argent récolté n’a pour but que d’enrichir le contenu et la qualité de la production du film qui reste l’oeuvre de passionnés qui n’ont pas l’intention de se payer avec. C’est à dire qu’on entre dans un domaine particulièrement nouveau de la production audiovisuelle, où le public paie pour qu’on lui fasse un film sur mesure, quelque chose qu’il aimera et verra puis reverra avec plaisir et qui sera accessible gratuitement. Quant à ceux qui le réalisent, ils gagnent leurs vies autrement. Si Noob le film leur ouvre des portes, ça sera tout à leur honneur, mais le projet en lui-même n’est pas une source de revenu, juste un gouffre à plaisir, le plaisir de créer, le plaisir de donner. Les fondateurs du capitalisme doivent se retourner dans leur tombe au point d’en avoir le tournis, avouez ?

Je suis ravi de voir en « Noob, le film » un projet qui bouleverse les acquis de l’industrie audiovisuelle. Peu importe que ce film ne soit visionné que par sa communauté (même s’il est peu probable que ça s’arrête là 😉 ), car c’est cette communauté qui pourra se vanter d’avoir fait le film qu’elle voulait voir. Pas directement, évidemment. Ce sont des dons d’argent, une main d’oeuvre anonymisée et détournée, et c’est l’équipe de Noob qui en est le porte-étendard. Mais au-delà de son seul contenu, c’est l’histoire de ce projet qui représente une nouveauté. Elle fait entendre la voix d’un 7ième art différent, non industriel, non intéressé et passionné. Une voix qui se doit de résonner assez fort et assez longtemps pour faire des émules et amorcer un changement majeur dans la production d’oeuvre cinématographique. Je défends cette initiative à 200%, car c’est un tremplin magnifique pour la culture tout public. Fabien, désolé si ça met la pression, mais tu sais déjà ce qu’il en est. Alors courage.

« Noob, le film », je le soutiens. Et vous ?

Soutenez le projet sur Ulule et ce même si vous n’aimez ni la web-série, ni le sujet, ce qui importe à présent, c’est le message !

Le cap des 275000 euros commenté

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Cet article a été publié le lundi 20 mai 2013 à 12:10 et est classé dans Cinéma, Divers, L'Ours. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

6 commentaires pour le moment

skal
 1 

Noob aussi bien sûr mais attention le crowd funding n’est pas non plus le nouvel el dorado. Nombre de projets se plantent et ceux qui cartonnent le plus sont souvent ceux issus de sociétés qui en fait n’ont pas besoin de crowd funding mais vois par ce biais des ventes directes et de levées de fonds faciles. Le crowd funding devient le truc à la mode, attention aux débordements (et ils ont déjà eu lieu…)

20 mai 2013 à 13:20
 2 

Disons que le financement participatif n’est pas la panacée, mais c’est un outil qui, correctement utilisé, peut être très efficace et, dans le cas de certains artistes ou médias pas très « grand public », d’éviter de passer par la case « producteur », qui implique parfois des discussions houleuses quant au contenu.

C’est aussi un outil qui va de pair avec l’arrivée d’Internet comme outil de création et de distribution à faible coûts.

Pour être moi-même passé par là, ça implique aussi pas mal de discipline et un peu de jugeotte pour arriver à faire quelque chose qui tienne la route.

20 mai 2013 à 13:26
Fabien Lyraud
 3 

Personnellement je suis favorable à l’extension de ce type de financement aux projets des collectivités locales. J’appelle de mes voeux la création d’une plate forme de crowdfinding destinée à financer les projets publics. Ce la permettrait de réduire l’utilisation de l’emprunt. La fondation du patrimoine fait des campagnes de levées de fonds y compris par ces moyens là et ça marche relativement bien.
Et au delà des collectivités il faudra qu’un jour l’Etat s’y mette. Je suis peut être un doux rêveur mais aujourd’hui les pouvoirs publics sont pris carrément en otage par les banques. Cela leur permettrait d’améliorer leur marge de manoeuvre.
Pas de raison que les associations, les créateurs et les start up soient les seuls à, l’utiliser.

1 juin 2013 à 18:35
 4 

[…] pour son billet sur le financement du film Noob (dont j’aurais dû vous parler […]

10 juin 2013 à 06:41
 5 

Après les films et les disques, le crowdfunding s’ouvre actuellement aux livres, ce qui permet aux auteurs indépendants de s’en sortir de leur propres moyens, surtout avec l’aide de ses fans, ce qui crée une meilleure relation avec ces derniers. Merci pour cet article et je vous propose également de jeter un œil sur un article que j’ai rédigé sur http://www.monbestseller.com/actualites-litt%C3%A9raire/2805-ebook-edition-papier-le-crowdfunding-pour-les-auteurs#.VDdWtBZ5XIV

10 octobre 2014 à 11:09
 6 

Merci pour ce lien. Dans le même registre, il convient de préciser que le livre participatif est aussi en vogue à partir de plate-forme dédiée comme indiqué dans cet article : http://bouquinautes.com/2014/05/a-la-decouverte-du-salon-du-manuscrit/

10 octobre 2014 à 11:23

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